Une cité-jardin à Suresnes
En 1919, quand Henri Sellier prend la tête de la municipalité, Suresnes est, comme sa voisine Puteaux, une commune de la banlieue ouest déjà très industrialisée. Depuis le 19e siècle, les blanchisseries et les teintureries situées au bord de la Seine laissent peu à peu place à la métallurgie, la chimie, l’électricité, la construction automobile et aéronautique. Certains secteurs ne sont néanmoins pas encore investis. C’est le cas de la ferme de la Fouilleuse, à la lisière de l’hippodrome de Saint-Cloud, qui avait été fondée sous Napoléon III et dont les 40 hectares sont achetés par la municipalité pour y lancer la première tranche de travaux de la cité-jardin.
Des services publics pour tous
La cité-jardin de Suresnes n’est pas un quartier pavillonnaire, mais une vraie ville dans la ville. Les habitants disposent de nombreux équipements et services. Le but d’Henri Sellier n’est pas seulement de loger, mais aussi de prévenir, d’encadrer, de soigner. Du point de vue de la santé et de l’hygiène, des bains-douches et des lavoirs (la machine à laver n’existe pas encore à cette époque) communaux gratuits sont ouverts tous les jours, et un dispensaire assure un accueil médical permanent. Des cantines distribuent des repas quotidiens équilibrés pour les enfants. L’éducation est tout aussi importante : en plus des écoles et garderies, il est possible de se former à un métier gratuitement. Les inscriptions aux cours de musique, de gymnastique, de dessin sont également libres et gratuites. Ouverte à tous, la bibliothèque doit donner le goût de lire. Une maison du peuple organise des soirées culturelles et permet aux associations de se réunir. La culture physique est aussi très importante : des terrains de jeux sont à disposition des enfants et des adultes. Une église, une synagogue et un temple protestant sont ouverts aux différents cultes. Toute cette organisation doit fonctionner parfaitement avec la mise en place de services publics : l’entretien de la voirie, l’éclairage, le réseau de transports en commun et le ramassage des ordures sont assurés par la municipalité. Sur les axes principaux de la cité-jardin, les rez-de-chaussée sont réservés aux commerces.
Un suivi permanent
La ville idéale que projette Henri Sellier s’accompagne d’un suivi permanent des habitants de la cité-jardin. Les services sociaux et médicaux sont présents partout : à l’école, les assistantes sociales surveillent l’évolution des enfants afin de détecter une maladie ou un problème psychologique. À chaque fois qu’un enfant naît, les familles reçoivent la visite de “dames en bleu” pour contrôler la propreté du foyer, son budget, et de détecter tout éventuel problème.