Le traité de Versailles
La Première Guerre mondiale (1914-1918) est particulièrement meurtrière. 73 799 467 hommes sont mobilisés, 9 405 315 sont morts et disparus, 21 219 152 blessés, 7 613 945 prisonniers de guerre… La France à elle seule a mobilisé 7 891 000 hommes, 1 375 800 sont morts, 4 266 000 blessés. À ces chiffres, il faut ajouter les morts civils, les centaines de milliers de veuves et d’orphelins, les millions d’animaux tués, les milliers de maisons et de bâtiments détruits, les centaines de milliers d’hectares de terre rendus impropres à la culture… La guerre prend fin le 11 novembre 1918 par la signature de l’armistice mais il faudra attendre juin 1919 pour la signature du traité de paix.
Un lieu symbolique
Le lieu choisi, la Galerie des Glaces du château de Versailles, est censé laver l’affront qu’avait représenté la proclamation du Reich allemand en ce même lieu en 1871. La date se réfère à l’assassinat cinq ans plus tôt de l’Archiduc François-Ferdinand. La présence de quelques « gueules cassées » rappelle les atrocités de la guerre à ceux qui sont accusés de l’avoir provoquée.
Le traité de Versailles est signé le 28 juin 1919 dans le cadre de la conférence de Paris.
Il institue la paix entre l’Allemagne et les Alliés, mettant ainsi un terme à la Première Guerre mondiale. Produit des délibérations du Conseil des Quatre (constitué de Lloyd George pour la Grande-Bretagne, de Vittorio Orlando pour l’Italie, de Georges Clemenceau pour la France et de Woodrow Wilson pour les États-Unis), le traité doit préparer une paix durable qui tienne compte des intérêts et des attentes de chacun des vainqueurs, en cherchant également à reconstruire l’Europe, après le conflit le plus meurtrier et destructeur de l’Histoire.
L’Allemagne tenue à l’écart et « coupable »
L’Allemagne est écartée des délibérations. Clemenceau veut l’affaiblir durablement pour éloigner le plus longtemps possible tout risque de nouveau conflit. Lloyd George, fidèle à la théorie de l’équilibre des puissances, voudrait la ménager pour ne pas créer une hégémonie française sur le continent et dresser un rempart solide contre le bolchevisme. Pour sa part, le Président Wilson, rompant avec l’isolationnisme américain, vient en personne sur le sol européen défendre sa nouvelle vision de la diplomatie internationale, exposée devant le Congrès en « quatorze points » : y figure notamment l’idée nouvelle du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, qui débouchera sur la création de la Société des Nations.
Condamnée moralement, amputée territorialement, l’Allemagne est sommée de payer d’énormes réparations et de renoncer à son empire colonial. Le traité stipule que "les gouvernements alliés et associés déclarent et l’Allemagne reconnaît que l’Allemagne et ses alliés sont responsables, pour les avoir causés, de toutes les pertes et de tous les dommages subis par les gouvernements alliés et associés et leurs nationaux en conséquence de la guerre qui leur a été imposée par l’agression de l’Allemagne et de ses alliés" (article 231). Il effectue ainsi une lecture très précise des origines de la guerre, allouant à l’Allemagne les responsabilités du conflit, ce qui pèse sur toutes les affaires internationales du monde de l’après-1919, et même sur les débats politiques internes pour les pays les plus directement impliqués. Les immenses réparations pécuniaires imposées à l’Allemagne s’appuient sur cet article. Cette lecture historique imposée par le règlement du conflit est d’une importance fondamentale pour l’histoire de l’Europe. L’Allemagne humiliée trouvera dans le nazisme une revanche. Au lieu de créer les conditions d’une paix durable, le traité de Versailles sera en partie à l’origine de la Seconde Guerre mondiale.
Toutes les conséquences en seront tirées après la Seconde Guerre mondiale. Les Américains choisiront alors d’aider l’Europe à se redresser.