Les villes détruites suite à la Seconde Guerre mondiale
Si les dégâts matériels de la Première Guerre mondiale touchent principalement le nord-est de la France et la Belgique, les affrontements de la seconde sont beaucoup plus étendus à l’échelle de la planète. Des villes entières, comme Le Havre ou Caen, se trouvent réduites à des monceaux de gravats.
Des armes de plus en plus destructrices
Le perfectionnement de l’aviation et le développement des armes de destruction massives réduisent des villes entières à l’état de ruines au point que l’on parle de “tapis de bombe” et de “table rase”– du Japon à l’URSS, de la Pologne à la France. En Europe, les destructions urbaines sont très importantes dans les années 1944-1945 : beaucoup de bombardements sont le fait des alliés et non des armées ennemies. En effet, détruire les villes et les ports devient une stratégie pour retarder l’avancée allemande.
L’exemple de Caen
Le bombardement des villes normandes est envisagé pour la première fois lors d’une réunion à Londres le 21 janvier 1944. L’objectif est d’empêcher les forces allemandes de s’approcher rapidement des zones de débarquement. Il faut donc détruire les nœuds de communication.
Le 6 juin 1944, jour du débarquement sur les plages de Normandie, la ville de Caen devient un objectif prioritaire pour les alliés. Les bombardiers, alternativement britanniques et américains, larguent leurs bombes sur la ville ce même jour. À l’origine, seuls les points stratégiques comme la gare, la caserne et les ponts sur l’Orne devaient être visés. Mais contraints d’éviter la DCA (armes anti-aériennes) allemande, les pilotes bombardent dans les faits plusieurs zones habitées. De plus, les tirs viennent aussi de la mer, avec les obus lancés de certains navires ancrés au large, à 30 km de la ville. Les bombardements alliés se poursuivent le 7 juin et il faudra un mois pour gagner la bataille de Caen. Le 7 juillet, les Allemands, qui battent en retraite et quittent la ville, la pilonnent une dernière fois.
Au moment de faire le bilan pour envisager une reconstruction, on constate combien la ville a souffert : 31 % des bâtiments ont été détruits, 15 % l’ont été partiellement. Au total, 75 % des logements ont été touchés à des degrés divers. 2 millions de m3 de gravats devront être évacués. Certains seront utilisés pour remblayer et assécher une zone marécageuse voisine. D’autres matériaux de plus grande taille serviront à la construction de nouveaux bâtiments.
Ce bilan ne prend pas en compte les destructions ultérieures, justifiées par la nécessité de construire un projet d’urbanisme cohérent. Ainsi, 2 600 bâtiments sont détruits après 1948, année 1 de la reconstruction. 600 le seront entre 1948 et 1963, au fur et à mesure de la nécessité de résurrection de la cité. Enfin, 2 000 nécessitent une rénovation du bâti et une mise aux normes de l’urbanisme et d’hygiène.
Pour les civils, ces débuts de la reconstruction sont toujours marqués par le traumatisme de la guerre, le découragement devant l’effort à accomplir et la pénurie, tous domaines confondus.[