L’église Saint-Joseph : plus qu’une église
Le plus haut bâtiment de la ville du Havre s’élève à 107 m de hauteur. C’est l’église Saint-Joseph, dont le gros œuvre est achevé en 1957 et marque la fin de la reconstruction. C’est aussi la dernière œuvre de Perret, qui meurt en 1954. Plus qu’une simple église, cet édifice est un mémorial et le symbole de la renaissance de la ville.
Un point de repère dans la ville
Lieu de culte, l’église Saint-Joseph recouvre aussi la fonction de mémorial en hommage aux victimes civiles qui ont péri sous les bombardements. Symbolisant la renaissance de la ville, Saint-Joseph impressionne par sa taille, sa monumentalité et sa sobriété : très peu d’éléments, à l’extérieur comme à l’intérieur, rappellent qu’il s’agit d’une église. Situé à proximité du port, l’édifice joue le rôle de point de repère pour les Havrais mais aussi pour les navires arrivant des quatre coins du monde.
L’entrée dans l’église dévoile un immense espace vide et coloré par la lumière filtrant à travers les 12 768 pièces de verre qui couvrent les parois sur toute leur hauteur. Les yeux du visiteur montent instinctivement le long de la tour lanterne, dont le poids repose uniquement sur les quatre groupes de quatre piliers, disposés aux angles du plan carré. Les qualités techniques du béton sont portées à leurs plus hautes performances. Ces prouesses sont ici à souligner d’autant plus que le sous-sol est très meuble. La présence de nappes phréatiques, de couches de vase et de graviers a conduit les architectes et les ingénieurs à creuser jusqu’à 15 m de profondeur pour trouver un sol suffisamment stable sur lequel reposent des pieux et des puits forés tubés, reliés entre eux par des semelles de béton de plus de 2 m d’épaisseur !
La lumière des vitraux
Aussi monumental soit-il, l’espace intérieur de l’église n’est ni intimidant, ni écrasant. Peut-être est-ce dû au plan de l’église, qui n’est pas en croix latine (une grande nef traversée à son extrémité par un transept et un chœur où est installé l’autel pour les cérémonies), mais en croix grecque (dont les bras sont de mêmes dimensions). Placé au centre, l’autel est entouré par les fidèles de toutes parts et confère un caractère plus “proche”, plus “intime” aux cérémonies.
Cette atmosphère apaisante doit aussi beaucoup au programme de vitraux, exécuté sous la direction du maître-verrier Marguerite Huré. Par jour de beau temps, les rayons du soleil transpercent les petites ouvertures, chacune remplie d’un carreau de verre. Le traitement chromatique dépend de l’orientation du mur. À l’est (où le soleil se lève), le vert et le mauve dominent ; au sud (en milieu de journée), l’église s’embrase aux teintes jaunes et orangées ; le coucher du soleil (à l’ouest) donne toute sa part à des teintes rosées ; enfin le nord (où le soleil ne passe pas) est le règne du rouge profond et du lilas.
Le caractère exceptionnel de ce bâtiment (d’un point de vue architectural, technique, symbolique) a conduit les autorités à le classer, dès 1965, Monument historique.