Tony Garnier (1869-1948), enfant de Lyon
Tony Garnier est un enfant de Lyon. Né dans le quartier populaire de la Croix-Rousse, il grandit entouré de ses parents, très jeunes, qui travaillent tous deux dans le secteur de la soierie. Ses origines modestes n’étaient pas particulièrement propices à une orientation vers l’architecture, mais ses talents en dessin et son obstination lui permettent d’intégrer l’école des Beaux-Arts de Lyon et de gravir progressivement les échelons jusqu’au prix de Rome – une consécration pour les architectes.
Le projet d’une Cité industrielle idéale
Tony Garnier obtient le prix de Rome en 1899, ce qui lui permet de séjourner à l’Académie de France à Rome pendant trois ans. Mais il ne suit pas tout à fait les règles de l’institution : plutôt que de relever et dessiner les antiquités de la ville éternelle, il préfère se consacrer au projet d’une “Cité industrielle”, sorte de ville idéale de 35 000 habitants. Exposées à son retour d’Italie, les planches suscitent l’indifférence voire l’indignation de ses confrères car c’est la première fois qu’un architecte délaisse l’académisme pour proposer un sujet d’actualité. Tony Garnier est particulièrement sensible à la condition sociale de ses contemporains, peut-être parce que lui-même a connu la pauvreté. Il s’intéresse d’ailleurs de très près aux équipements sanitaires (hôpitaux, dispensaires), éducatifs (écoles, centres de formation) et au logement social. Si elle n’est comprise par la plupart de ses contemporains, l’œuvre de Tony Garnier est saluée par les générations suivantes, notamment les plus avant-gardistes comme Le Corbusier qui voit son aîné comme un pionnier de l’architecture moderne.
Les grands travaux de Tony Garnier à Lyon
Les abattoirs et le marché aux bestiaux de la Mouche (1906-1914) sont loin d’être les seules réalisations de Tony Garnier à Lyon. Elles marquent plutôt les débuts d’une longue collaboration entre l’architecte et le maire de la ville, Édouard Herriot (1872-1957). Ce dernier, élu en 1905, fait la connaissance de Tony Garnier alors que le projet est déjà lancé. D’abord prudent, Herriot mesure les compétences de l’architecte et estime qu’il peut s’agir d’un homme capable de mener les grands travaux que nécessite la troisième ville de France. Tony Garnier réalise, morceaux par morceaux, les grands équipements de son projet de “Cité industrielle”, présentée à Paris en 1904. Il conçoit entre 1911 et 1933 l’hôpital Grange-Blanche (baptisé depuis Édouard-Herriot), dont l’organisation rigoureuse rappelle le plan de circulation de la Mouche. Vers 1914, les travaux pour le stade de Gerland débutent ; en 1926, 30 000 spectateurs peuvent assister aux plus grandes compétitions sportives. Le dernier grand chantier concerne le logement : inaugurée en 1933, la cité des États-Unis, située dans le 8e arrondissement (au sud-est de la ville), est destinée à loger, dans les conditions les plus favorables (eau, chauffage, électricité), environ 12 000 personnes.
Il faut ajouter à ces quatre grandes commandes publiques d’autres chantiers de grande importance : la Vacherie du parc de la Tête-d’or (1904-1905, Lyon 1er arr.), le central téléphonique Vaudrey (1913-1933, Lyon 3e arr.) et l’école de tissage (1927-1934, Lyon 1er arr.).