La mécanisation au pouvoir
La construction métallique n’est pas nouvelle lorsque Tony Garnier l’emploie en 1906. Le plan d’ensemble, qui sépare le marché aux bestiaux et les abattoirs, reprend celui de La Villette et des abattoirs municipaux construits quelques années auparavant. Finalement, l’apport de l’architecte, dont les préoccupations principales sont l’hygiène et l’efficacité, réside surtout dans l’organisation générale du site et la conception des circulations.
Un plan de circulation rigoureux
S’inspirant du modèle américain, Tony Garnier conçoit les abattoirs comme une usine où le processus de fabrication est décomposé en tâches successives et clairement identifiées, afin de les optimiser. Ainsi, les bâtiments sont disposés selon un plan en dents de peigne, à l’origine conçu pour les architectures sanitaires et médicales. Cette disposition permet la meilleure aération possible et facilite le nettoyage des différents secteurs. Chaque secteur est organisé autour de rues couvertes. Les circulations des hommes, des bêtes, des machines ont été clairement identifiées par l’architecte, de façon à réduire les distances entre les bâtiments et les pertes de temps.
Le souci de l’hygiène
Dans ce plan de circulation, les animaux malades sont isolés dès leur arrivée et abattus dans des abattoirs spéciaux pour éviter toute contamination. Dans cette même logique, le sens unique est instauré. Tous les déchets sont acheminés par des circuits indépendants vers une salle de vidange directement reliée au Rhône. Cette préoccupation pour l’hygiène pousse l’architecte à insister sur l’isolation thermique des bâtiments de façon à éviter les trop grands écarts de température qui pourraient être nuisibles à la conservation de la viande. Les murs et les sols sont pavés de grès et de surface lavable pour garantir les meilleures conditions d’hygiène.
En principe, les abattoirs sont prévus pour approvisionner en viande la population de Lyon (500 000 habitants) mais d’éventuels agrandissements sont possibles car des espaces restent disponibles aux alentours.
Des abattoirs mécanisés, une innovation
Le plan de circulation est complété par un grand nombre de dispositifs mécaniques. Ainsi, les animaux sont acheminés par un train monorail qui dessert tous les bâtiments. Les wagons mais aussi les voies ferroviaires sont régulièrement nettoyés et désinfectés grâce aux systèmes de jets d’eau et de fosses de vidange. Au-dessus des écuries, des balles de foin sont déposées grâce à des monte-charges. Un système de balancement déverse la nourriture dans les boxes. Abattues, les bêtes sont accrochées à des crochets suspendus et acheminées ainsi vers les entrepôts frigorifiques : en principe, aucune viande ne touche le sol.
Ces innovations dans le domaine de l’architecture industrielle poussèrent Tony Garnier à encore perfectionner le modèle. En 1907, il obtient le 2e prix pour le concours des abattoirs de Reims et dessine le projet de ceux de Nantes (1911-1912), tous deux non réalisés.