La ville de Chaux, cité idéale de Claude Nicolas Ledoux
En 1775, Louis XV confie à l’architecte Claude Nicolas Ledoux la construction de l’une des plus grandes salines d’Europe : la saline d’Arc et Senans. Dès la commande royale, Ledoux propose de prolonger son usine par une ville idéale, construite de toute pièce à la campagne. Influencé par les idées nouvelles des Lumières, il rêve de bâtir un monde meilleur. Car pour lui, une architecture rationnelle peut avoir une influence positive sur l’homme et le pousser à agir selon les principes de la raison. Pour sa ville, Ledoux imagine des bâtiments où les habitants pourront se rencontrer, s’instruire, se divertir… Les formes des édifices sont pures, sans décoration inutile, dans le souci d’une architecture « parlante », dont les formes évoquent l’objectif final. La ville utopique de Chaux ne fut jamais construite, mais les dessins de Ledoux, retravaillés sans cesse, sont publiés deux ans avant sa mort dans son traité L’architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs et de la législation.
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La ville de Chaux, cité idéale jamais construite
Dans l’esprit de Ledoux, la ville de Chaux doit venir achever le projet de la saline d’Arc et Senans, l’ensemble composant un cercle parfait, inspirée de la course du Soleil. La ville est construite à la campagne, au plus proche de la nature que le 18e siècle redécouvre. Ainsi Jean-Jacques Rousseau parle de "réinstaller la société dans son environnement naturel".
Pour sa ville, Ledoux imagine tous les édifices nécessaires à une vie sociale harmonieuse, et apporte le même soin à concevoir chacun d’eux, qu’il s’agisse d’une église ou d’une modeste maison. En effet, Ledoux est soucieux de construire pour tous : "pour la première fois on verra sur la même échelle la magnificence de la guinguette et du palais", écrit-il.
© Bibliothèque nationale de France
Le cimetière de la ville idéale de Chaux : plan et coupe
Toutes les allées souterraines du cimetière convergent vers cette sphère vide, symbole du néant ou de l’éternité.
Au sommet de la sphère, une ouverture ronde permet le passage des rayons solaires. Le soleil inscrit donc sa course ici comme dans la forme même de la ville.
l’Atelier des ouvriers destinés à la fabrication des Cercles
A l’étage se tiennent les habitations des ouvriers. Comme pour la saline, Ledoux reste attentif à placer les logements au plus près du lieu de travail.
Le Panarethéon, école de morale
le Panarethéon est une école de morale où un philosophe doit enseigner les droits et les devoirs de l’homme. Sa forme simple et son absence d’ornement sont, dans l’esprit de Ledoux, liés aux vertus qui sont enseignées dans ce lieu, et qui découlent directement des idées nouvelles du 18e siècle.
Le Panarethéon est construit sur la figure du cube, symbole de solidité et de permanence.
Comme ce dernier, la plupart des bâtiments de la ville de Chaux reposent sur des formes géométriques simples combinées les unes aux autres : sphères, pyramides, cubes…
Pour Ledoux, cette grande lisibilité des bâtiments doit pouvoir parler à tous, même aux moins instruits.
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Le Pacifère, où se règlent les conflits
Comme pour le Panarethéon, Ledoux adopte une forme des plus sobres : un cube surmonté d’un cylindre. "L’édifice sera simple, comme les lois qui doivent s’y prononcer", écrit-il.
La Maison d’union, lieu de rencontre des différents métiers
Sa structure est très semblable à celle du Panarethéon et du Pacifère : un cube surmonté d’un cylindre.
La Maison d’éducation
Au 18e siècle, l’éducation des enfants acquiert une importante nouvelle : la connaissance du monde doit permettre à chacun de devenir maître de lui-même et de son existence.
La maison d’éducation de la ville de Chaux est donc un bâtiment imposant, en forme de croix grecque (à branches égales). A côté des matières académiques, Ledoux y valorise particulièrement l’exercice physique, en y aménageant des salles de sport.
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Le Monument destiné aux récréations
A l’étage on peut jouer à divers jeux de société. Un espace est aussi aménagé pour les activités physiques (lutte, disque, javelot, saut…).
L’Oikema, ou Maison de la passion
Le plan du bâtiment se passe de commentaire. Mais si le symbolisme peut sembler naïf, remarquons que la forme de cette architecture "parlante" n’est visible de personne, sauf à survoler l’Oikema en ballon…
L’atelier des scieurs de bois
Fidèle à son principe d’accorder autant d’importance à "une guinguette qu’à un palais", il habille cette hutte à toit pointu d’une forêt de colonnes, si nombreuses qu’elles se touchent ! Ces dernières évoquent évidemment les troncs manipulés par les scieurs, mais renvoient sans doute aussi aux critiques du roi sur le premier projet de saline : trop de colonnes pour un bâtiment industriel.
La forge à canons
La pensée des Lumières, dont Ledoux se réclame, n’encourage pas la guerre. Mais dans sa cité idéale de Chaux, l‘architecte prévoit une forge à canons pour fabriquer des armes à des fins défensives.
Quatre hauts fourneaux en constituent les angles. Les ateliers et hangars se croisent dans l’enceinte carrée. Au centre, la maison du directeur est éclairée par un puits de lumière, d’où Ledoux fait jaillir les mêmes nuages de fumée que des hauts fourneaux.
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La Maison des directeurs de la Loue
La Maison des directeurs de la Loue est un cylindre horizontal traversé par un ruisseau qui retombe ensuite dans la rivière, la Loue.
Elle abrite les logements des ingénieurs mais aussi une salle commune dans la partie centrale.
La forme complexe du bâtiment, permettant le détournement d’une partie de la rivière à travers le cylindre, symbolise le contrôle de l’homme sur les forces naturelles.
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Le Pont sur la Loue
Mais avec ce pont rêvé, il abandonne aussi pour un temps son idéal de formes géométriques pures pour des formes plus figuratives.
La Bourse de la ville de Chaux
Le cimetière de la ville de Chaux : une élévation onirique
Aucune planche n’affirme sans doute mieux que celle-ci la dimension rêvée et symbolique de l’architecture de Ledoux.
- Direction éditoriale
Françoise Juhel, Éditions multimédias, BnF
Édition
Nathalie Ryser, Éditions multimédias, BnF
Traitement iconographique
Gisèle Nedjar, Éditions multimédias, BnF
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