La maison de marchand
La ville étant dédiée au commerce, les maisons de marchands constituent l’icône de l’habitation urbaine. L’espace de vente est situé au niveau de la rue ; la boutique est appelée « ouvroir », car elle ouvre sur la rue par l’intermédiaire d’une large ouverture dotée d’une arcature à travers laquelle les passants peuvent vérifier de visu la qualité des produits exposés et celle du travail artisanal qui s’effectue dans l’atelier ou la boutique. Une planche de bois, à usage de volet, est rabattue pendant la journée pour servir de comptoir. Cette planche, débordant et empiétant sur la rue, est soutenue par un ou plusieurs piquets. La localisation des lieux de travail au rez-de-chaussée, alors que les espaces de vie sont aux étages, caractérise la maison du marchand et de l’artisan. Mais ces deux registres s’interpénètrent : on sait, grâce à des documents appelés inventaires après décès, qui listent les biens des familles après la mort d’un des membres, que les chambres servent aussi de lieux de travail et que les stocks de denrées ou de biens destinés à la vente sont rangés un peu partout dans la maison, de la cave au grenier en passant par la cuisine et les chambres à coucher. Sous la maison, des caves s’étendent sur un à trois niveaux, parfois plus. Des soupiraux éclairent les pièces en sous-sol.
Des enseignes très parlantes
Les maisons abritant des activités marchandes sont dotées d’enseignes qui permettent de les repérer : des bassins de cuivre pour signaler la maison d’un barbier, des chandelles pour un cirier, un lion d’or, un oiseau ou des astres nocturnes (lune ou étoile) pour les auberges, un pichet d’étain ou une couronne de feuilles pour les simples débits de boisson…
Au début du 16e siècle, grâce à l’alphabétisation croissante des habitants des villes, apparaissent les premières enseignes donnant en toutes lettres le nom de l’établissement, ou celui du produit qui fait sa réputation.
La maison face aux contraintes du tissu urbain
Dans les agglomérations enfermées dans une enceinte, le tissu urbain est dense et serré. Par manque d’espaces libres en quantité suffisante, les marchés hebdomadaires et les foires doivent même se tenir dans les cimetières. Au 13e siècle, la ville déborde de sa muraille, et voit la création de "faubourgs".