Otto Wagner (1841-1918), architecte de la grande ville
Lorsqu’il remporte le concours pour la poste de la Caisse d’épargne, Otto Wagner a déjà une longue carrière derrière lui. Avec la poste de la Caisse d’épargne, il renouvelle sa manière de construire.
Une longue carrière
D’abord reconnu pour ses villas, immeubles et bâtiments officiels luxueux et richement décorés, Otto Wagner a, par la suite, dessiné pour la ville de Vienne de nombreux équipements municipaux comme les stations de métro, écluses et barrages sur le Danube.
À plus de 60 ans pourtant, l’architecte, confronté à ces expériences, en prise directe avec la ville et l’industrie, bouleverse sa vision de l’architecture. Avec la poste de la Caisse d’épargne, il va encore plus loin et abandonne presque l’ornement pour dessiner un bâtiment dont les lignes épurées sont soulignées simplement par des matériaux industriels.
Les inspirations d’Otto Wagner : entre continuité et rupture
Pour la façade de la Postsparkasse, Otto Wagner reprend le dessin des palais de la Renaissance italienne en le simplifiant à l’extrême. Ainsi la silhouette, le gabarit et la composition ne diffèrent pas beaucoup de l’architecture classique, mais tout détail se voit épuré, voire effacé. Recouverte par des plaques de marbre, la façade suit les principes classiques de la symétrie. Au niveau du rez-de-chaussée et de l’entresol, on retrouve la technique du bossage traditionnellement réservée au soubassement : le granit gris foncé est ici traité en bandes horizontales qui parcourent tout l’édifice afin d’exprimer la solidité des fondations. L’entrée principale est protégée par une marquise de fer et de verre. Le couronnement de l’édifice est traité en corniche, sur laquelle reposent l’enseigne et les acrotères. Du point de vue de la composition, Otto Wagner suit le langage classique, mais il le dépouille presque complètement. Ainsi, la marquise et le balcon signalant le bureau du directeur au premier étage de la façade principale sont réduits à leur plus simple expression.
La Wagnerschule
Professeur à l’Académie des beaux-arts de Vienne à partir de 1884, Otto Wagner a formé plusieurs générations d’architectes, notamment Joseph Maria Olbrich qui conçoit en 1897 le palais de la Sécession, l’un des manifestes du mouvement. La réputation de son atelier dépasse même les frontières au point que des jeunes gens viennent de toutes parts de l’Europe pour recevoir l’enseignement de Wagner. Son atelier devient un des foyers de l’architecture moderne, où l’on réfléchit à la notion de fonctionnalisme et au recours à des matériaux issus de l’industrie