Une œuvre d’art totale
Otto Wagner a tout dessiné de la Postsparkasse jusqu’au moindre détail : de la façade jusqu’au guichet en passant par les poignées de porte, les rampes d’escalier, les horloges ou les interrupteurs.
Un palais de l’ordre, de la transparence et de la propreté
Obsédé par l’hygiène, Otto Wagner a choisi des matériaux faciles à entretenir et à nettoyer : verre, linoléum, métal et marbre. En arrivant sur leur lieu de travail, les employés trouvent toutes les commodités possibles : 25 vestiaires, 175 lavabos, 178 WC et 28 urinoirs sont à leur disposition !
La salle des guichets
La lumière naturelle pénètre dans tous les services et à tous les étages grâce aux cinq cours qui aèrent le plan. La plus importante d’entre elles est recouverte d’une verrière ; elle abrite la salle des guichets.
La salle des guichets est l’espace le plus important de tout l’édifice. C’est là où les clients de la banque viennent déposer leurs économies. Après avoir gravi l’escalier principal et passé l’antichambre, le visiteur se retrouve dans une grande halle de verre baignée de lumière naturelle. Les nuances claires (gris, blanc) et la transparence dominent. Relégués sur les côtés, les guichets ne sont pas immédiatement visibles ; on pourrait tout aussi bien être dans le hall d’une gare ou dans une salle des machines. Comme pour la façade, l’écriture architecturale est très dépouillée : à l’inverse des halls luxueux de banques qui se faisaient jusqu’alors, aucun ornement, aucun or n’attire l’œil. L’impression de clarté est d’autant plus vive que les murs au-dessus de la salle des guichets sont revêtus de carreaux de céramique blanche.
Une halle de verre
La salle des guichets est en quelque sorte une boîte en métal et en verre insérée dans le bâtiment. Occupant l’une des cinq cours aménagées en cœur d’îlot, elle est protégée par une haute verrière qui laisse passer la lumière du jour. Son plan basilical – une nef principale encadrée par deux nefs plus basses – rappelle celui des gares ou des bâtiments industriels de l’époque. La translucidité domine partout : au sol, se dessine un quadrillage essentiellement constitué de briques de verre 15m x 15 mm pour laisser passer la lumière naturelle jusqu’au sous-sol, où se trouve la salle destinée au tri du courrier.
Les acrotères d’Othmar Schimkowitz
La Postsparkasse est coiffée par une corniche saillante aux angles de laquelle deux figures féminines, chastes et hiératiques, portent du bout de leurs bras des anneaux. Ces créatures ailées, habillées et coiffées à la mode de la Grèce antique, pourraient être des allégories de l’ordre. Impassibles, elles doivent inspirer la confiance et la sécurité. À y regarder de plus près, seules les faces visibles sont traitées : les ailes sont constituées de plaques de métal travaillées sur une seule face et fixées par des rivets.
La hiérarchie de l’entreprise retranscrite dans l’architecture
Symbolisés par les statues acrotères coiffant l’immeuble, l’ordre et la discipline règnent partout à la Postsparkasse. En témoignent les différents espaces intérieurs, scrupuleusement différenciés par le traitement des couleurs. Tandis que le gris et le blanc dominent dans les espaces recevant le public ou destinés aux employés, le bureau du directeur frappe par ses boiseries et la couleur rouge, dominante. Dessiné par l’architecte lui-même, le mobilier traduit aussi cette organisation très stricte. Cinq types de sièges sont conçus en fonction des personnes à qui ils sont destinés, du simple tabouret pour le client jusqu’au fauteuil à accoudoirs plaqués d’aluminium et rembourré d’un coussin pour le directeur de la banque.