La dynastie des Qing
1644 marque la fin de la dynastie Ming en Chine et la prise de pouvoir par un peuple étranger les Mandchous. La Mandchourie recouvre un vaste territoire au nord-est de l’Asie, qui dans sa plus vaste extension a couvert le nord-est de la Chine actuelle et l’est de la Russie sur l’océan Pacifique.
La dynastie commence son histoire en Chine par un règne de transition, celui de Shunzhi (1644-1661). Il apprend le chinois, prend contact avec diverses religions présentes à Pékin : le catholicisme, représenté par le Père jésuite Adam Schall ; le bouddhisme chan, dont il devient adepte à la fin de sa vie. Trois grands souverains Qing vont par la suite marquer profondément l’histoire de la Chine : Kangxi (1662-1722), Yongzheng (1723-1735) et Qianlong (1736-1796).
Le règne de Kangxi
Comme Louis XIV, qui est presque exactement son contemporain, Kangxi va diriger l’empire d’une main de fer. Admirateur de la civilisation chinoise, possédant à merveille cette culture, Kangxi est également un homme d’action. À la fin de son règne, les confins nord et est de l’empire, monde des steppes et des hauts plateaux, sont stabilisés.
Ayant affermi son emprise territoriale et politique, la dynastie des Qing cherche à s’appuyer sur le milieu des fonctionnaires, les « lettrés » recrutés par concours.
Kangxi inaugure une forme de mécénat avec la commande de grandes collections et compilations, qui se poursuit sous ses successeurs et donnent au 18e siècle chinois un aspect « encyclopédiste » très voisin de celui qui caractérise l’Europe à la même époque.
Kangxi manifeste une ouverture d’esprit qui le conduit à dépasser le cadre de la civilisation chinoise. Dès son arrivée sur le trône, il est intrigué et séduit par différents aspects de la culture occidentale, en particulier par les sciences et les techniques. Kangxi fait venir les jésuites à la cour afin qu’ils l’initient aux mathématiques, à la physique et à la cartographie, entretenant avec eux une certaine ambiguïté sur l’hypothèse d’une possible conversion au catholicisme, alors qu’il reste foncièrement attaché à la religion du peuple mandchou.
L’ouverture de la Chine aux savants occidentaux ne doit pas cacher la censure qui existe par ailleurs dans l’Empire chinois.
La police secrète traque les « romans licencieux ». Quelques-uns des plus grands romans chinois sont mis à l’index sous Kangxi : le Voyage en Occident de 1570, le Jin Ping Mei de 1620, et surtout le Rêve dans le Pavillon Rouge que Cao Xueqin publie en 1763. Le pouvoir impérial n’admet pas le réalisme avec lequel sont décrits la misère des campagnes ou la corruption de nombreux mandarins. Sous Qianlong se déchaîne, dans les années 1770-1780, une véritable « inquisition littéraire » visant à détruire les ouvrages non-orthodoxes et à punir leurs auteurs. L’empire mandchou atteindra sa plus grande extension au milieu du 18e siècle, avant de connaître un déclin progressif au 19e siècle. L’ingérence des puissances occidentales coïncide avec le déclin de la dynastie des Qing. Au 19e siècle, en effet, la Grande-Bretagne commence à exporter de l’opium vers la Chine pour réduire son déficit commercial lié à la demande croissante de la part des Anglais de thé, de soie et de porcelaine. La richesse de la Chine s’épuise tandis que son peuple s’intoxique. Les restrictions du gouvernement des Qing sur le commerce de l’opium conduisent à une première guerre de l’Opium en 1840. Cette guerre de l’opium, puis la révolte des paysans du Sud de la Chine, signeront le déclin de l’empire. En 1911, le dernier empereur mandchou est renversé et un régime républicain instauré.