Sauver Venise aujourd’hui
Malgré l’ingéniosité de ces dispositifs, les fondations des édifices s’affaiblissent au fil des siècles, rongées par l’eau salée de la lagune. De plus, ils subissent les variations de niveau d’eau dues aux grandes marées, sans compter les vagues provoquées par les énormes bateaux de croisière toujours autorisés à s’approcher de la ville.
Les campaniles (clochers détachés d’une église) sont particulièrement sensibles à ce phénomène, car ils sont d’une hauteur inhabituelle sur une base réduite. En 1902, le campanile de la place Saint-Marc s’effondre, et nombreux sont ceux que l’on voit pencher encore aujourd’hui ! Le 4 novembre 1966, la ville connaît une inondation d’une gravité exceptionnelle : à certains endroits, presque deux mètres d’eau dévastent les édifices.
Des solutions sont mises en œuvre de nos jours. Les pieux accessibles peuvent être remplacés. On injecte aussi du béton dans les fondations des palais les plus menacés.
Moise, pour éviter les crues
Moise, le projet le plus ambitieux a été lancé en 2 003. Il prévoit d’installer un système de digues mobiles aux trois ouvertures du cordon littoral, afin de barrer le passage aux fortes marées. Les caissons qui constituent les digues sont actionnés par de gigantesques vérins installés dans une galerie sous-marine, à 13 m de fond, protégée de l’eau par des joints de caoutchouc épais de 30 cm.
Moïse a coûté plus de 5 milliards d’euros et devrait être achevé fin 2 018. Ce projet gigantesque reste très controversé : son efficacité est mise en doute par certains spécialistes, tandis que les écologistes s’interrogent sur ses effets sur l’écosystème de la lagune. Mais ces digues mobiles ne constituent qu’une partie des solutions mises en place pour à lutter contre les hautes eaux : la surélévation des rives et des pavages est aussi engagée en de nombreux endroits.