Construire dans l’eau ?
On pense généralement que Venise est construite sur l’eau. Cette formulation poétique mais inexacte dissimule un dispositif complexe permettant de renforcer et solidifier le terrain avant construction.
Car Venise est en réalité gagnée sur la lagune. De nombreux îlots constituent une base solide, mais quand la ville s’étend, il faut les relier en créant un sol dur dans les marécages. On estime que la proportion de sol gagné est de 80 à 90 % !
Un sous-sol de pieux de bois
La ville est construite sur des portions de terrain asséchées puis remblayées. Ces zones sont ensuite consolidées par une forêt de pieux de bois enfoncés profondément dans le sol instable de la lagune, jusqu’à atteindre et traverser les couches profondes plus solides. Les pieux sont plantés très serrés, et constituent un véritable sous-sol de bois. Enfoncés dans la boue, ils sont à l’abri de l’oxygène et ne pourrissent pas. Le bois utilisé est principalement du mélèze ou du chêne rouvre, des essences très résistantes et durables.
Pierre et brique
Sur ces pieux est posé à l’horizontale un plancher de bois épais servant à répartir la charge. C’est sur ce dernier qu’on pourra édifier la maçonnerie.
Pour les bâtiments construits au bord de l’eau, le premier niveau est édifié en pierre d’Istrie : cette pierre blanche très compacte résiste bien à la corrosion due au sel. Le reste du bâtiment est généralement fait de brique.