Histoire de la rue de Rivoli
Aménagée sur la terrasse des Feuillants aux Tuileries, la rue de Rivoli était déjà prévue dans le plan issu des travaux de la Commission des Artistes, pendant la Révolution (1794).
Elle est entamée en 1802. Partiellement réalisée en 1835, elle sera achevée en 1855 sous Napoléon III. Avec 3 070 m de long, c’était l’une des voies les plus longues de la capitale.
Le nom de Rivoli est donné à la rue en 1804, après la victoire remportée par Bonaparte à Rivoli en Italie, les 14 et 15 janvier 1797.
Un projet ancien
Le percement de la rue de Rivoli est intimement lié à un projet ancien : celui de rattacher le palais du Louvre à celui des Tuileries, et de border l’immense bâtiment ainsi obtenu d’une large rue qui l’isolerait des immeubles voisins.
Le 9 octobre 1801, Napoléon ordonne l’ouverture de la rue de Rivoli et des rues adjacentes.
Les expropriations et les démolitions commencent en 1802. Dès 1803, la nouvelle rue de Rivoli va de la Concorde à la rue de l’Échelle, en longeant le jardin des Tuileries, le palais du même nom et le Louvre. En 1804, à l’occasion du sacre de l’empereur Napoléon Ier, la rue est pavée.
Pour faire face aux deux palais, les architectes Percier et Fontaine imaginent des immeubles imposants, à la façade régulière, reposant sur des arcades en enfilade. Tout en
pierre de taille
, ces immeubles luxueux ne sont pas destinés à accueillir les petits commerces, surtout s’ils sont bruyants ou « à risque ».
Une rue pour les promeneurs
L’arrêté du 1er floréal an X de la République (21 avril 1802) précise en effet : "Les maisons ou boutiques qui seront construites sur ce lot ne pourront être occupées par des artisans et ouvrières travaillant du marteau. Elles ne pourront non plus être occupées par des bouchers, charcutiers, pâtissiers boulangers, ni autres artisans dont l’usage nécessite l’usage d’un four." L’article 6 précise : "Il ne sera mis aucune peinture, écriteau ou enseigne indicative de la profession de celui qui occupera sur les façades ou portiques des arcades qui décoreront le devant des maisons sur ladite rue projetée." En revanche, la rue de Rivoli est une invitation à la promenade pour tous : "Des arcades couvertes, libres au public, dans tous les temps, offriront aux personnes qui fréquenteront le jardin un asile sûr et commode dans ces orages imprévus, si fréquents dans la belle saison."
Des débuts difficiles
Mais ces contraintes découragent les éventuels acheteurs. À la fin de l’Empire, la rue de Rivoli n’est bordée que par des tronçons d’arcades(construites alors que les étages ne le sont pas encore), et quelques rares immeubles. Chateaubriand n’y voit en 1813 "que les arcades bâties par le gouvernement et quelques maisons s’élevant çà et là avec leur dentelure latérale de pierre d’attente". Pour Fontaine, cette lenteur est un échec ; il écrit en 1816 dans son Journal : "Le Domaine, pour tirer parti des terrains, a toléré partout des constructions de baraques et d’échoppes adossées aux bâtisses, et la plus belle rue de Paris est aujourd’hui un lieu désagréable qui ne présente aux yeux que des murailles abandonnées, des échafaudages laissés en place, et tout le désordre de la ruine et de la destruction sans les couleurs respectables du temps."
Mais peu à peu, la nouvelle rue attire les acquéreurs. Les travaux se poursuivent au cours des années qui suivent la chute de l’Empire, en particulier durant la Deuxième République (1848-1852).
Mais le chantier est véritablement terminé avec Haussmann. La rue de Rivoli y perdra sa belle unité : passé la rue du Louvre en direction de l’est, sur une longueur de 2 km, les immeubles ne respectent plus les normes imposées par Percier et Fontaine, et adoptent l’allure tout aussi uniforme des immeubles haussmanniens. (lien vers la planche). Les établissements prestigieux qui s’y installent (Hôtel et Grands magasins du Louvre, hôtels Continental, Meurice, Samaritaine…) renforcent la renommée grandissante de la rue.