Le Paris de Napoléon
Les ambitions architecturales et urbaines de Napoléon, consul (1799-1804) puis Empereur (1804-1814), sont à la mesure de ses désirs de conquête : il s’agit tout à la fois d’assainir, d’équiper et d’embellir Paris,"devenue la première capitale de l’Univers". Le contexte difficile, à l’intérieur comme à l’extérieur, entrave cependant une grande partie des projets esquissés ou entamés.
Assainir Paris
Certains projets n’en marqueront pas moins Paris pour longtemps : la création des canaux à partir de 1802 amorce une transformation radicale de l’Est parisien. Plusieurs fontaines subsistent, qui rappellent l’importance de l’arrivée en 1806 des eaux de l’Ourcq dans tous les quartiers d’une ville dont la population croît de 170 000 habitants entre 1801 et 1817. De nombreux entrepôts (grenier de réserve sur le bassin de l’Arsenal, entrepôt de la Douane, halle aux vins) et marchés s’y ajoutent, pour la plupart disparus aujourd’hui. Il en est de même des ponts, tous reconstruits (Austerlitz, Alma, passerelle des Arts), pour lesquels l’usage du fer est une première.
Créer de grands axes
Napoléon fait construire en 1812 l’avenue de l’Observatoire – lotie bien plus tard – aménager les quais sur la Seine et lancer des opérations de dégagement. Mais la rue de Rivoli incarne au mieux l’urbanisme napoléonien. Sa régularité est à l’image d’une architecture publique contrôlée par le Conseil des Bâtiments civils, créé en 1795 comme l’École polytechnique. Jean-Nicolas-Louis Durand y enseigne une rigoureuse méthode de composition, au nom d’une vertu suprême, l’économie.
Napoléon veut donner à Paris des accents romains : temples entourés de colonnes (Bourse et Madeleine), arcs de triomphe, colonne commémorative (Vendôme) imitant celle de Trajan. Aucun édifice de prestige n’est achevé à la chute de l’Empire. Mais, si quelques programmes, telle la Madeleine, sont remis en question, la Restauration et la Monarchie de Juillet terminent l’œuvre napoléonienne, avant que le neveu de Bonaparte, le futur Napoléon III, ne restaure à son tour une politique des grands travaux avec le préfet Haussmann.
Quelques bâtiments napoléoniens
. Pont des Arts, 1er et 6e, Louis-Alexandre de Cessart et Jacques Lacroix-Dillon, 1801-1803 : premier pont de fer construit en France, reconstruit en 1984 (avec une arche en moins) par Louis Arretche.
. Colonne de la Grande-Armée, place Vendôme, 1er, Jacques Gondoin et Jean-Baptiste Lepère (Étienne Bergeret, sculpteur) 1806-1810 : un signal fort, hors d’échelle, dans l’axe de la nouvelle rue Royale.
. Fontaine de la Victoire ou fontaine du Palmier, place du Châtelet, 1er, Nicolas Bralle et Louis-Simon Boizot, 1806-1808 : le monument sera rehaussé et déplacé au centre de la nouvelle place par Gabriel Davioud (1856).
. Fontaine du Fellah, 42, rue de Sèvres, 7e, Nicolas Bralle, 1807 : l’une des quinze fontaines mises en service à l’ouverture du canal de l’Ourcq et inspirées par la campagne d’Égypte.
. Assemblée nationale, 29-35, quai d’Orsay, 7e, Bernard Poyet, 1806 : pendant de la Madeleine et masquant le décalage par rapport au Palais-Bourbon, la façade parachève le projet confié en 1795 à J.-P. Gisors et E.-C. Leconte..
Arc de Triomphe, place de l’Étoile, 8e, 16e et 17e, Jean-François Chalgrin, 1806-1811, puis Jean-Nicolas Huyot (1826-1832) et Abel Blouet (1832-1836).
. Église Sainte-Marie-Madeleine, place de la Madeleine, 8e, Pierre Vignon, 1806-1818 : succédant à P. Contant d’Ivry et G.-M. Couture, Vignon est chargé d’ériger un temple à la gloire militaire de Napoléon ; achevée par J.-J.-M. Huvé en 1842, l’église est surtout remarquable pour son décor..
Ancien marché des Blancs-Manteaux, rues Vieille-du-Temple, des Hospitalières-Saint-Gervais et du Marché-des-Blancs-Manteaux, 4e, Éloi Labarre puis Pierre-Jules Delespine, 1813-1819 : l’un des rares témoignages du programme édilitaire de l’Empire (le marché Saint-Germain de Blondel et Lusson a été entièrement reconstruit).
. Palais de la Bourse, place de la Bourse, 2e, Alexandre Brongniart, 1808, puis Éloi Labarre, avec Hyppolite Lebas, 1813-1826 : ce temple périptère, sans fronton, couvert d’une charpente métallique en 1815, décoré de grisailles par Abel de Pujol, est agrandi par J.-B.-F. Cavel en 1902-1907.