Voyage à Rome (1893)
Ensuite je suis allé au Colisée. La masse énorme, le côté écroulé, le côté debout, avec ses baies sur le bleu. De partout, des couloirs voûtés qui s'ouvrent, où des escaliers mangés sont comme des pentes. Le colosse est comme une dentelle de pierre, avec toutes les ouvertures sur le bleu. Un ciel bleu au-dessus, très clair, avec des vols de petits nuages. Comment pouvait-on tirer le velum dessus? L'évocation de ce cirque immense, plein de foule, avec ses quatre-vingt mille spectateurs (?), sa loge de l'empereur, les vestales en dessous. Une ruine cuite par le soleil, dorée, majestueuse et gigantesque encore dans son demi-écroulement. L'arc de Titus, avec son bas-relief des Juifs vaincus, ramenés esclaves et portant le chandelier à sept branches.
Emile Zola, Voyage à Rome (1893)