Hector Guimard

Hector Guimard dans son cabinet de travail au Castel Béranger
Hector Guimard dans son cabinet de travail au Castel Béranger | © Le Cercle Guimard

Hector Guimard est né à Lyon en 1867 et mort à New York en 1942. Il est le principal représentant français de l’Art Nouveau, également qualifié de style "coup de fouet" en raison des lignes qui rythment ses édifices. D’une prodigieuse inventivité, son architecture, mais aussi ses meubles, papiers peints, bijoux, luminaires, vitraux, éléments de quincaillerie ont connu un succès fulgurant avant d’être méprisés. L’œuvre de Guimard, largement détruite, n’est réévaluée que depuis les années 1970.

L’héritage rationaliste

Logique, raison, franchise dans l’expression de chaque matériau comme dans celle du plan : tels sont les grands principes développés par Viollet-le-Duc à travers les Entretiens sur l’architecture (1863-1872), desquels Guimard extrait un projet pour construire l’école du Sacré-Cœur, avenue de la Frillière (16e, 1895). Les œuvres parisiennes de Guimard, disciple de Viollet-le-Duc, sont la traduction du rationalisme médiéval et pittoresque, qui tire ses effets de la polychromie et des jeux de toitures. L’architecte s’en affranchit ensuite pour développer un langage plus personnel : le style "coup de fouet" de Guimard fera sa célébrité immédiate avant d’être combattu.

Les gerbes de la rue Saint-Didier

Hector Guimard : école du Sacré-Cœur, Paris 16e
Hector Guimard : école du Sacré-Cœur, Paris 16e | © Simon Texier

Avec la salle Humbert-de-Romans, rue Saint-Didier (Paris 16e, 1898-1901, détruite en 1905), sa réalisation la plus spectaculaire, Guimard se démarque réellement de Viollet-le-Duc. Il a très probablement à l’esprit le projet de salle de musique publié dans les Entretiens, porté par huit piles de maçonnerie. Ces piles donnaient naissance à des jambes de forces obliques sur lesquelles reposaient huit colonnes en fonte soutenant un polyèdre de fer. Guimard préfère finalement laisser s’envoler les ramures métalliques soutenant la toiture et le lanterneau central, donner libre cours au tronc et aux branches de l’arbre – la structure métallique est en l’occurrence revêtue d’acajou. Ainsi, Guimard réactive l’interprétation que l’on faisait des cathédrales gothiques, vues comme des forêts pétrifiées.

Destructions

Abstraction faite des intérieurs privés et décors de lieux publics (brasseries, restaurants), dont le sort est massivement tributaire des changements de mode, la liste des bâtiments Art Nouveau détruits est impressionnante, et Hector Guimard en est la victime principale : plus de la moitié de sa production a été détruite. La salle Humbert-de-Romans, rue Saint-Didier (16e, 1898-1901), n’aura vécu que trois ans avant d’être rasée en 1905, mais c’est dans les années 1960 que l’ignorance et la pression foncière cumulées viennent à bout de l’hôtel Roy, 79bis-81, boulevard Suchet (16e, 1898), du castel Henriette à Sèvres (1899-1903), des entrepôts Nozal au 132, avenue de Paris à Saint-Denis (1902) et surtout de l’hôtel Nozal au 52, rue du Ranelagh (16e, 1902-1905). Quant aux édicules, entrées et sorties réalisés par Guimard pour le métro entre 1900 et 1904 (installés jusqu’en 1913), si 86 demeurent en place ou restaurés, les plus spectaculaires ont été enlevés, notamment place de l’Étoile et place de la Bastille).