Une structure d’air et de lumière
Le héros de ce roman historique, Jack le bâtisseur, est maçon et architecte. Rêvant de construire une cathédrale et parcourant l’Europe pour apprendre de nouvelles techniques, il découvre l’architecture gothique à travers la basilique de Saint-Denis.
Il entra dans le corps principal de l’église. La nef, longue et large, était ancienne et plutôt banale. À la croisée du transept, des marches descendaient vers la crypte abritant les tombes royales, et d’autres conduisaient au chœur. De la place où Jack se tenait, un effet d’optique dû aux flots de soleil qui entraient par les fenêtres de l’est faisait croire que le haut des murs n’était pas terminé.
Il suivit la travée sud jusqu’à la croisée. Comme il arrivait près du chœur, il éprouva une impression étrange. Toute cette lumière qui emplissait le grand vaisseau vide du sanctuaire pénétrait, remarqua-t-il, par des rangées de hautes fenêtres, dont certaines en vitraux colorés. Comment avait-on pu multiplier ainsi les ouvertures ? On aurait dit qu’il y en avait plus en surface que de murs.
Jack monta les marches qui accédaient au chœur. De là, il scruta l’entremêlement des colonnes de lumière et de pierre qui se dressaient devant lui. Il avait déjà eu cette vision quelque part : dans son imagination, en rêve, car c’était exactement l’église qu’il voulait bâtir, avec ses vastes fenêtres et ses voûtes élancées, une structure d’air et de lumière qui semblait tenir par enchantement.
Revenant à la réalité, il étudia attentivement la technique de construction. Le principe de la voûte en nervures, formée d’un plafond constitué de quelques côtes solides et d’espaces entre les nervures comblés avec des matériaux légers, ce principe avait été appliqué à tout l’édifice. Le mur du chœur comportait un certain nombre de colonnes entre lesquelles on avait percé des fenêtres. L’arcade séparant le chœur des bas-côtés n’était pas un mur épais mais une rangée de piliers réunis par des arcs en ogive, ce qui laissait de larges espaces par lesquels la lumière venant des fenêtres se déversait au milieu de l’église. La travée elle-même était divisée en deux par une rangée de colonnes élancées.
Les Piliers de la terre, Ken Follett, Stock, 1 989