De nouvelles méthodes pour le travail de la pierre et des joints de 41 mm !
Quand il reprend le chantier à son prédécesseur Juan de Bautista de Toledo, Juan de Herrera souhaite terminer à temps l’Escurial et lui garantir la plus grande unité esthétique.
En 1576, il instaure de nouvelles méthodes pour le travail de la pierre. Désormais, les grands blocs de granit sont travaillés directement dans les carrières où ils sont mesurés, contrôlés, coupés et lissés sur cinq faces avant d’être acheminés sur le chantier. Cette méthode impose aux maîtres-maçons d’exécuter au préalable des dessins très précis plutôt que de préparer les pierres directement sur le chantier, mais elle présente de nombreux avantages :
- Tailler la pierre sur le site d’extraction réduit les gaspillages et évite les fraudes, car seule la pierre de bonne qualité est retenue.
- La livraison régulière de pierres permet de réduire la superficie des espaces de stockage sur le chantier, alors principalement occupé par les matériaux et les ouvriers.
- Tous les éléments sont livrés dans un format standardisé, et l’architecte va jusqu’à imposer l’épaisseur du joint de maçonnerie qui doit mesurer invariablement 41 mm. Une fois les blocs montés et assemblés, toutes les surfaces de granit sont soigneusement polies pour obtenir un aspect lisse et presque velouté.
Des répercussions sur les ouvriers
La livraison régulière de pierres déjà taillées a un impact sur l’organisation du chantier.
- Les ouvriers sont organisés en plusieurs équipes. Dirigée par deux maîtres, chaque équipe se voit affectée à une portion du bâtiment. Ainsi, deux équipes sont chargées de la façade de la basilique et quatre du dôme.
- L’ensemble de ces méthodes nouvelles, pour certaines assez pénibles, n’ont pu être instaurées qu’après négociations sur les salaires des travailleurs.