Deux spécialités du métier
Le peintre intervient dans de nombreux domaines. Pour les décors de spectacles et festivités, comme pour les enseignes dans les rues, ses talents se sont toujours révélés nécessaires.
Le peintre décorateur
En argot, on appelle les peintres qui travaillent sur les décors de théâtre ou de cinéma des gaudineurs (du verbe gaudinier : s’amuser). À la Renaissance, le peintre contribue beaucoup aux grands décors éphémères prévus pour les fêtes que les hauts personnages organisent. L’illusion et le faux-semblant règnent sur la scène ou en studio, où il s’agit, par tous les subterfuges possibles, de recréer entièrement un environnement. Le peintre décorateur doit faire preuve d’une bonne maîtrise du dessin (notamment la perspective), de culture artistique et de rapidité. Il doit être capable de tout reproduire, pour simuler des marbres et des bois, la dorure des boiseries et des ornements divers.
Ainsi, lors des entrées triomphales d’Henri II dans Paris, Lyon, Rouen et Reims en 1550, les villes sont complètement transformées le temps de quelques jours. Les décors, par nature éphémères, sont exécutés avec des matériaux légers et peu coûteux : bois, plâtre, terre cuite, toile. Il appartient au peintre de sublimer les arcs de triomphe et les chars de procession par ses talents.
Le peintre d’enseignes
C’est en 1805 seulement que Napoléon rend obligatoire la numérotation des maisons en France. Jusque-là, la prise de repères dans la ville s’effectuait uniquement grâce aux enseignes.
Sous l’Empire romain et pendant le Moyen Âge, chaque maison se désigne par une enseigne suspendue et/ou peinte. On pouvait y faire figurer les denrées à vendre ou l’activité de la boutique. Au Moyen Âge, il était d’usage de représenter un saint protecteur. Parfois, les patronymes et les activités pouvaient être représentés sous la forme de rébus plus ou moins compliqués. La production d’enseignes peintes est donc pléthorique et très diverse : elle va du simple lettrage à de véritables œuvres d’art qui suscitent l’admiration du public comme des amateurs, à l’exemple de l’enseigne de Gersaint, exécutée par le peintre Watteau en 1720, ou de celle de Géricault, qui représente un maréchal-ferrant en 1824. De nombreux écrivains et artistes seront fascinés par les enseignes de boutiques : Balzac y a même consacré un Petit dictionnaire critique et anecdotique des enseignes de Paris, et le photographe Eugène Atget les a inlassablement photographiées, avant que ces vrais morceaux de la mémoire de Paris ne disparaissent.