Les maçons de la Creuse
On chante des chansons
De toutes les manières
Des filles, des garçons ;
Des bergers, des bergères
Je ne sais point conter
Ces histoires charmeuses,
Mais je vais vous chanter
Les maçons de la Creuze
Arrivé, le Printemps,
Ils quittent leur chaumière,
Laissant leurs grands-parents,
Leurs enfants et leur mère,
Cachant leur désespoir,
Les filles amoureuses,
S'en vont dire « Au revoir »
Aux maçons de la Creuse.
Les voilà tous partis
Pour faire leur campagne ;
On les voit à Paris
En Bourgogne, en Champagne ;
Ils vont porter ailleurs
Leur vie aventureuse
Ce sont des travailleurs
Les maçons de la Creuse.
Tous les chemins de fer
Qui traversent la France
Et tous les ports de mer
Ont connu leurs souffrances.
Les canaux et les ponts
De la Seine à la Meuse,
Pourraient citer les noms
Des maçons de la Creuse.
Voyez le Panthéon,
Voyez les Tuileries,
Le Louvre et l'Odéon, Notre-Dame jolie ;
De tous ces monuments,
La France est orgueilleuse.
Soyez reconnaissants
Aux maçons de la Creuse.
Au retour de l'hiver,
Ils sont près de leurs belles ;
Les souffrances d'hier
S'oublient vite, près d'elles.
Et, toute une saison,
Les filles sont joyeuses
D'avoir, à la maison,
Un maçon de la Creuse.
L'auteur de la chanson.
Ce n'est pas un poète :
C'est un simple maçon
Aimant la chopinette.
Sans envier autrui,
Sa vie s'écoule heureuse.
Ils sont tous comme lui,
Les maçons de la Creuse.