Les thermes et l’eau courante à Rome
Pour les Romains de l’Antiquité, le contrôle de l’eau et sa distribution sont un aspect essentiel de la vie quotidienne. La maîtrise de ces techniques est aussi un moyen d’afficher la puissance et le raffinement de la civilisation romaine. Avec l’arrivée de l’Empire, la conquête de nouveaux territoires et la taille grandissante des villes rendent les besoins en eau de plus en plus importants. Les dispositifs de transport et de gestion de l’eau se font de plus en plus complexes.
L’arrivée et le contrôle de l’eau
L’eau nécessaire à l’alimentation des villes est amenée, depuis des sources plus ou moins éloignées, par des aqueducs et des conduites, puis stockée dans des réservoirs ou châteaux d’eau situés au point le plus haut de la ville. Tout au long du réseau, de nombreux points de contrôle sont dédiés à l’entretien et au nettoyage des installations.
Les aqueducs se déversent dans de grandes citernes qui répartissent ensuite l’eau via des tuyaux en bois, en terre cuite ou en plomb. À Rome, l’une alimente les fontaines publiques, la seconde les demeures de l’empereur et des riches Romains, et la troisième les thermes.
Les thermes, lieux d’hygiène et de sociabilité
Les thermes sont une invention grecque que les Romains ont améliorée. À partir de l’Empire (– 27 avant Jésus-Christ), les bains publics, ou thermes, se multiplient dans toutes les villes, même les plus modestes. La plupart sont gratuits ou très bon marché. Dans la Gaule romaine comme dans d’autres territoires conquis, les thermes sont une preuve éclatante de la toute-puissance et du raffinement des vainqueurs. Surtout quand ils ont nécessité la construction d’un bâtiment aussi monumental que le pont du Gard…
Les bains publics jouent un rôle important dans l’hygiène générale. Ils sont ouverts à tous, sans distinction de classe sociale, aux hommes comme aux femmes (dans des parties ou à des heures différentes).
Pour les Grecs, les thermes sont un lieu où se détendre après l’exercice physique et se laver avant d’enduire son corps d’huile. Pour les Romains, les thermes jouent aussi un rôle social extrêmement important : on y va tous les jours pour y rencontrer ses amis, y faire du sport, se cultiver dans les bibliothèques ou y parler affaires.
C’est aux thermes aussi que l’on se rend aux latrines (toilettes) publiques, qui accueillent une dizaine de personnes à la fois, sans cabine séparée, et où les conversations peuvent se poursuivre sans aucune gêne.
Des eaux chauffées
Les Grecs privilégient l’eau froide, qu’ils associent aux exercices du corps et à l’endurcissement. Mais les Romains introduisent les bains chauds et tièdes. Il faut pour cela un système de chauffage des bassins et des salles. On se contente d’abord de braseros (bassins de métal remplis de braises). Puis on imagine un système plus sophistiqué : l’hypocauste. Les salles sont surélevées sur des piliers de briques, comme construites sur pilotis. Au sous-sol, on entretient des feux de charbon ou de bois. L’air chaud y circule et débouche directement dans les salles grâce à un système de conduits en terre cuite.
Les différentes parties des termes
Les thermes comportent plusieurs salles, que l’on peut visiter dans l’ordre de son choix.
– L’apodyterium (vestiaire) : c’est une salle équipée de bancs de pierre et de niches sur lesquels on dépose les vêtements. Quand on en a les moyens, on paie un esclave pour qu’il surveille les vêtements et évite les vols.
– Le tepidarium (bain tiède) : dans cette salle munie de bancs, on s’accoutume à la chaleur avant de passer dans la salle chaude ; on peut aussi y prendre un bain tiède.
– Le caldarium (bain chaud) : cette salle très éclairée est souvent divisée en plusieurs bassins ; parfois, on y trouve une piscine.
– Le frigidarium (bain froid) : cette salle de petite taille est souvent obscure et surmontée d’une coupole ouverte en son centre.
Les thermes les plus importants comportent également un sudatorium (bain de vapeur, sorte de hammam) ou un laconicum (étuve sèche). En général, on termine par le bain froid.
Les thermes offrent aussi des espaces où l’on s’échauffe, des lieux de massage… Certains comportent de grandes piscines, des boutiques, des tavernes. Les plus grands thermes, comme ceux de Caracalla à Rome, disposent même de bibliothèques et de salles de lecture publique, ainsi que des jardins pour la promenade, des fontaines et des bancs. Sous l’Empire, la ville de Rome fait construire des thermes gigantesques, en particulier ceux de Caracalla qui pouvaient accueillir jusqu’à 1 600 personnes, et ceux de Dioclétien (3 200 personnes).
Les égouts
L’eau courante amenée dans les villes romaines doit être évacuée après usage. Les Romains aménagent d’abord des canaux à ciel ouvert, qu’ils recouvrent ensuite pour éviter les épidémies. Ces canalisations voûtées sont faites de pierre et de briques, liées par du mortier, et peuvent composer un réseau très complexe.
À Rome, l’égout le plus ancien date du 6e siècle avant Jésus-Christ : c’est la Cloaca Maxima, œuvre du roi étrusque Tarquin le Superbe.