3 000 ans d’histoire
L’Empire égyptien domine la vallée du Nil pendant près de trois millénaires. Sa longévité et sa puissance s’expliquent par ses ressources naturelles : les eaux et le limon du fleuve, qui délimitent une bande étroite mais très fertile de terres cultivables. Protégés des invasions par les déserts, les pharaons créent une civilisation originale autour d’un État fort, à l’administration complexe et bien organisée.
Autour de – 3 200, le pays est séparé entre Haute et Basse Égypte. On attribue au mythique pharaon Ménès, vers 3 150 av. J.-C., l’initiative d’unifier le territoire, même si dans les faits ce phénomène a sans doute été plus progressif. La capitale du pays devient Memphis, ville au sud du Caire, qui permet de contrôler le trafic intense dans le delta du Nil.
Les historiens distinguent quatre époques principales dans la longue histoire de l’Égypte antique. Ces époques de longue durée sont séparées par des "périodes intermédiaires" correspondant à des années de troubles.
L’Ancien Empire (2700-2200 av. J.-C.)
L’Ancien Empire correspond à l’essor de la civilisation pharaonique et à l’organisation d’un État centralisé doté d’une administration efficace. Cette période est marquée par la construction de tombeaux d’un genre nouveau. Pour bâtir la tombe du roi Djoser, Imhotep, premier architecte connu de l’histoire, superpose plusieurs mastabas (édifices dotés d’un seul niveau) de taille décroissante. Il édifie ainsi à Saqqarah la première pyramide de pierre taillée. Cette pyramide à degrés sera suivie par les pyramides du plateau de Gizeh : Khéops, Képhren et Mykérinos, signes éclatants de la puissance des pharaons de cette époque. Le souverain est en effet capable de mobiliser une part non négligeable de la population agricole sur ces chantiers en hiver, quand les crues du fleuve couvrent les champs. La puissante administration centrale voit aussi l’émergence d’une classe nouvelle de fonctionnaires et de scribes.
Le Moyen Empire (2033-1786 av. J.-C.)
Après les troubles de la première période intermédiaire, marquée par la famine et des guerres civiles, le Moyen Empire est caractérisé par un retour à la prospérité et par de nouvelles conquêtes de territoires, notamment la Nubie au sud du pays. La capitale est déplacée à Thèbes, l’actuelle Louxor. Dirigée par des pharaons puissants, la société égyptienne se développe. L’architecture, la littérature et la médecine connaissent une période de renouveau et d’activité intense.
Le Nouvel Empire (1550-1069 av. J.-C.)
Après une nouvelle période intermédiaire mouvementée, le Nouvel Empire s’impose comme une période particulièrement brillante, apogée de la civilisation égyptienne. L’histoire retiendra la montée sur le trône d’Égypte d’une femme pharaon, Hatchepsout.
À cette époque aussi, le centre religieux le plus important du pays devient le temple d’Amon-Rê à Karnak, en raison de la puissance croissante du clergé dédié à ce dieu. En réaction, le pharaon Aménophis IV, changeant son nom pour celui d’Akhénaton, bouleverse la hiérarchie traditionnelle des dieux égyptiens et tente d’imposer le culte du seul dieu Aton. Cette expérience monothéiste échoue dès la mort du pharaon : ses statues et ses bas-reliefs sont martelés, sa capitale rasée. Les pierres aux dimensions normalisées ("talatates") utilisées pour construire les temples d’Aton sont réemployées en remplissage dans les nouveaux édifices. Mais il reste néanmoins assez de traces pour constater que les artistes révolutionnent alors la manière de représenter le souverain, le rendant à la fois moins parfait et plus humain.
Après cet épisode sans suite, de nouveaux pharaons puissants, comme Toutankhamon, Séthi Ier ou Ramsès II, reprennent les rênes du pays. Le Nouvel Empire voit aussi la construction de certains des plus beaux édifices qui nous soient parvenus : le temple d’Amon-Rê à Karnak, le temple funéraire et le grand obélisque de Karnak construits par la reine Hatchepsout, le temple de Ramsès II à Abou Simbel…
La Basse Époque (750-332 av. J.-C.)
Une troisième période intermédiaire marque le déclin de l’Égypte. Le pouvoir des pharaons est affaibli, concurrencé par celui des prêtres, puis menacé par les invasions successives des empires voisins. L’Égypte tombe sous domination perse, puis macédonienne avec la victoire d’Alexandre Le Grand, qui fait construire la ville qui porte son nom, Alexandrie. À la mort d’Alexandre en 323 av. J.-C., l’Égypte est gouvernée jusqu’en 30 av. J.-C. par des pharaons d’origine macédonienne : le premier, Ptolémée, est un ancien général d’Alexandre, qui donne son nom à cette dynastie ptolémaïque. À la mort de Cléopâtre, en 30 av. J.-C., l’Égypte est rattachée à l’Empire romain.