Les expositions universelles
Trois révolutions notables marquent le 19e siècle : la vapeur et le charbon, l’électricité puis le pétrole et le moteur à explosion. Celles-ci ouvrent nombre de perspectives parmi lesquelles le chemin de fer, l’éclairage, la voiture. Ces diverses innovations sont présentées à l’occasion des expositions universelles, véritables vitrines internationales d’une société en pleine métamorphose.
La première exposition universelle : Londres, 1851
L’idée des expositions de l’Industrie et de l’Agriculture, présentant les produits de l’industrie, est française. Elle émerge au moment où l’industrie et l’agriculture prennent un essor nouveau. La première "Exposition nationale des produits de l’industrie" est inaugurée le 19 septembre 1798 à Paris.
Mais si la France a lancé l’idée, la première exposition universelle à portée industrielle se tient à Londres en 1851, du 1er mai au 15 octobre 1851. Le prince Albert, époux de la reine Victoria, lance dès 1850 un concours pour la construction du palais qui accueillera cet événement. 245 projets sont reçus et examinés, mais aucun ne remporte les suffrages. Joseph Paxton, horticulteur et jardinier, propose alors de soumettre un projet en un temps record. En sept jours et sept nuits, il conçoit un édifice inspiré des vastes serres qu’il a déjà construites. Le projet est rapidement accepté, et suivi de près par les souverains : la reine Victoria se déplace une cinquantaine de fois pendant le montage, et assiste aux tests de solidité avant l’ouverture. Les 90 000 m2 du Crystal Palace deviennent le cadre et la principale attraction de l’événement international. L’exposition accueille 14 000 exposants et reçoit 6 millions de visiteurs. Cet immense succès constitue l’un des temps forts de la période victorienne (correspondant au long règne de la reine Victoria de 1837 à 1901).
En France
Napoléon III, qui a vécu à Londres, est alors séduit par cette architecture de fer et de verre qu’il contribue à développer ensuite en France. Devenu empereur, il lance le projet d’une première exposition universelle en France en 1855. Pour se démarquer de Londres, le projet associe à la dimension industrielle une dimension artistique. Le Palais de l’Industrie, que l’on avait commencé à construire, se trouve rapidement trop étroit pour les 24 000 exposants avant même d’être achevé.
En 1862, l’exposition de Londres offre un grand rassemblement de la production industrielle des pays hors d’Europe, et particulièrement des colonies britanniques. L’exposition de Paris en 1867 est décidée au lendemain de la clôture de celle de Londres, sur la demande des exposants français. Il y a, sous le Second Empire, deux autres grandes expositions universelles.
L’exposition de Londres, en 1862, offre un grand rassemblement de la production industrielle des pays hors d’Europe, et particulièrement des colonies britanniques. L’exposition de Paris en 1867 est décidée au lendemain de la clôture de celle de Londres, sur la demande des exposants français.
L’exposition de 1867 a beaucoup plus d’éclat que toutes celles qui l’avaient précédée. Le nombre des exposants continue à s’accroître : 30 000 en 1862, 58 200 en 1867. En 1855, on a fait place aux beaux-arts, à l’agriculture et à l’enseignement ; en 1863 à l’enseignement populaire ; en 1867 à l’histoire du travail et à l’amélioration de la condition physique et morale de la population.
Après l’exposition universelle de 1867, vient celle de Vienne en 1873, à laquelle la France participe. Trois ans après, la France organise elle-même une exposition universelle dont le Gouvernement annonce l’ouverture pour l’année 1878. C’était précisément le moment où, de l’autre côté de l’Atlantique, les Américains inaugurent à Philadelphie une exposition universelle, pour fêter le centenaire de l’indépendance des États-Unis. La date bien rapprochée de 1873, le temps pour se préparer bien court et l’état de la politique laissent planer quelque inquiétude au sujet de l’accueil que les puissances étrangères feront à cette proposition.
Cependant, l’exposition de 1878 s’organise malgré l’abstention de quelques États ; elle ne réunit pas moins d’exposants que celle de 1867 : 52 835 exposants répondent présents. Dans la foulée, le pays se met à préparer avec ardeur l’exposition de 1889.
L’exposition universelle de 1889
L’exposition universelle de 1889, célébration du centenaire de la République, est dominée par la construction de la tour Eiffel qui reste pour beaucoup, aujourd’hui encore, le symbole même de Paris. Démonstration de la virtuosité française en matière de construction métallique, la tour construite par Gustave Eiffel fascine immédiatement les contemporains.
"C’est de la terrasse du Trocadéro qu’il faut, pour l’embrasser d’un coup d’œil dans son ensemble, considérer le vaste panorama de l’Exposition de 1889. Au pied du palais, le parc élégant dont les pentes descendent, très rapides, jusqu’à la Seine en face, dans l’axe du pont d’Iéna, l’arche immense de la tour Eiffel entre les deux piliers de laquelle on distingue, à l’extrémité d’un jardin, la masse énorme des galeries industrielles que précèdent symétriquement, à gauche et à droite, les palais jumeaux des Beaux-Arts et des Arts Libéraux et que limite au fond, devant l’École Militaire, ce merveilleux palais des Machines qui restera comme la conception la plus hardie des métallurgistes de notre temps. Un peu partout dans les massifs, au bord de l’eau, sur les chemins, sur les pelouses, des pavillons, des chalets, des kiosques, des palais luxueux, des chaumières rustiques, des fontaines monumentales, des serres, des tentes, des colonnades, une sorte de ville étrange noyée dans la verdure et dans les fleurs, un amoncellement inattendu et pittoresque d’édifices de toutes les époques, de tous les pays, de toutes les dimensions, de tous les styles au résumé, l’impression troublante et neuve que le monde moderne est là tout entier avec ses mœurs, ses arts, ses découvertes, les manifestations les plus complexes de sa vie, ses souvenirs, ses espérances. "
Source : L’exposition de 1889 et la tour Eiffel, d’après les documents officiels / par un ingénieur
Éditeur : Gombault et Singier (Paris)
Date d’édition : 1889