Une journée au Colisée…
Matin : venatio (qui a donné plus tard en français “venaison”, grand gibier). Le public assiste à des combats entre animaux et à des simulations de parties de chasse dans des décors impressionnants, où des forêts entières sont parfois reconstituées. On pouvait y voir des sangliers, des ours, des loups, des lions ou des antilopes. La forte demande d’animaux suscite un important trafic de part et d’autre de la Méditerranée. Les fauves sont souvent capturés en Afrique. Ils débarquent à Ostie, le port de Rome situé à une trentaine de kilomètres à l’embouchure du Tibre. Les animaux dans le Colisée ne sont pas particulièrement sauvages. Captifs, ils sont élevés pour paraître particulièrement féroces et agressifs au moment du spectacle.
Midi : exécution capitale. Les condamnés à mort sont exécutés en public. Jetés aux bêtes, crucifiés ou brûlés, ces hommes et ces femmes subissent souvent de grands supplices dans des mises en scène terribles qui ne manquent pas d’effrayer et d’impressionner le public.
L’après-midi est le grand moment attendu : les munera (munus au singulier). Les gladiateurs entrent dans l’arène et pour s’adonner à de grands combats.
Pour l'inauguration du Colisée les jeux se sont déroulés pendant cent jours au cours desquels environ 2 000 gladiateurs et 9 000 animaux périrent. Sous Trajan, entre 108 et 109 apr. J-C., les munera ont vu défiler 4000 couples de gladiateurs sur 117 jours.
Batailles navales grandeur nature : les naumachies
"Tardif spectateur, venu des pays lointains, si tu vois pour la première fois ces jeux sacrés, ne sois pas dupe de ce combat naval et de ces flots semblables à la mer. Là, tout à l'heure, était la terre. Tu ne le crois pas ? Attends que les eaux, en s'écoulant, fassent cesser le combat ; ce ne sera pas long ; et tu diras toi-même : là, tout à l'heure, était la mer. " Dans son Livre des spectacles, Martial décrit un événement extraordinaire au Colisée. En 80, il assiste à l’inauguration de l’édifice. L’empereur Titus ordonne d’inonder l’arène pour mettre en scène une véritable bataille navale : c’est ce que l’on appelle une naumachie. Pour une hauteur d’eau de 1,50 mètres, cinq millions de litres sont récupérés des eaux pluviales et acheminés depuis le viaduc de l’Aqua Claudia, courant sur 70 kilomètres à l’Est de la ville. À l’issue du spectacle, l’eau était évacuée par des collecteurs reliés au Tibre. Ce type d’aménagement n’a plus été possible après la construction de l’hypogée, vaste réseau souterrain sur deux niveaux.
Le quartier du Colisée
Le Colisée prend place dans un secteur en pleine transformation après l’incendie de 67 ap. J-C. et la disparition de la Domus aurea. L’activité du Colisée provoque l’aménagement à ses environs d’un quartier dédié. Plusieurs écoles et casernes de gladiateurs sont édifiées. Le Ludus Magnus en est la principale ; elle comprend les logements des gladiateurs et un amphithéâtre, ouvert au public, pour l’entrainement. Situé à 100 mètres à l’Est du Colisée le Ludus Magnus y est relié par un couloir souterrain. Le Ludus Matutinus est dédié à la préparation des venationes. Pour des raisons de sécurité et parce que le souvenir du soulèvement d’esclaves par Spartacus (73-71 av. J.-C.) est encore vivace, les armes ne sont pas conservées par les gladiateurs la nuit. Chaque soir, celles-ci sont remises aux soldats romains dans les armureries (Armamentarium). Le Sanitarium est dédié aux soins des gladiateurs blessés et le Spoliarium au dépouillement des gladiateurs ayant péri pendant les munera.
Les vies du Colisée
En 217, un incendie détruit les gradins supérieurs construits en bois. Des travaux de réparation sont entrepris à plusieurs reprises, particulièrement à la suite du séisme de 443. Le Colisée connaît encore des combats de gladiateurs jusqu’en 435. On ne peut plus considérer le Colisée comme un lieu de spectacle à partir du 6e siècle. D’autres activités se nichent dans les recoins et les fornix : des Romains s’installent pour y habiter et travailler. Des oratoires et chapelles chrétiennes sont aménagées pour notamment rappeler la mémoire des martyrs dans les premiers siècles de notre ère. L’Église Santa Maria della Pietà al Colosseo est attestée au 16e siècle et plusieurs rituels catholiques ont toujours cours dans l’arène, comme le chemin de Croix. Cependant, la masse, la diversité et le volume de matériaux de construction présents sur le site apparaissent comme une manne pour les bâtisseurs des époques médiévale et moderne, qui se saisissent du Colisée comme d’une grande carrière de pierre. Dans le cadre de leur formation, les artistes et les architectes européens se prennent à dessiner et relever les ruines du gigantesque édifice. Les grandes campagnes de fouilles archéologiques et de restauration débutent au 19e siècle et font évoluer le regard sur le monument, qui passe du statut de ruine romantique abandonnée au temps à celui de grande attraction touristique. Chaque année, le Colisée est visité par plus de quatre millions de personnes.