La brique de verre
Le mur séparant l’escalier principal de l’escalier de service du Castel Béranger est construit en briques de verre creuses de différentes couleurs. Guimard n’en a guère fait la publicité, probablement parce qu’il s’agit là d’un produit industriel qu’il n’a pas dessiné lui-même. C’est pourtant l’un des éléments parmi les plus remarquables de l’immeuble.
Inventée par l’architecte suisse Gustave Falconnier à la fin du 19e siècle, la brique de verre soufflé surpasse le simple vitrage en solidité et en isolation thermique et phonique grâce à la couche d’air comprise entre ses deux parois. Translucide, elle permet une construction d’une totale transparence. Utilisée pour des cloisons, elle est tout d’abord réservée aux cages d’escalier et aux façades sur cour.
En 1903, l’architecte Henri Sauvage tente de l’appliquer à la façade sur rue d’un immeuble à bon marché de la rue de Trétaigne. Mais cette innovation choque et sera refusée. D’autres procédés sont développés durant l’entre-deux-guerres : le "béton translucide" (en réalité des briques de verre noyées dans un lit de ciment) est largement utilisé pour éclairer les sous-sols et les grands espaces intérieurs. Puis la brique de verre s’impose rapidement à des murs entiers, jusqu’à devenir le matériau principal d’une œuvre d’exception, la Maison de verre conçue à Paris par Pierre Chareau et Bernard Bijvoet (1927-1932).