Le Diable du Crystal Palace
— lls sont entrés dans le parc par Penge Gate, déclara l‘inspecteur. ll faut se dépêcher de les suivre si l’on ne veut pas qu’ils nous échappent.
Les portières du fourgon étaient grandes ouvertes. En passant près de lui, je remarquai, renversée sur le bitume, la chaise roulante de Babel dont la roue supérieure, voilée, tournoyait tel un moulin à vent.
Lorsque nous eûmes franchi à notre tour la barrière, nous nous engageâmes dans une large allée qui traversait le pare dans toute sa longueur. Par endroits, le sol était recouvert de grosses nappes de brume qui semblaient sourdre de la terre et se résoudre en pluie fine. À gauche, près de nous, la surface d’un plan d’eau miroitait sous l’éclat de la lune. Plus loin se dessinait dans la nuit claire l’ombre des gradins du stade d’athlétisme, tandis que, tout au fond, tel un gigantesque paquebot attendant le signal pour s’en aller voguer sur la haute mer, le Crystal Palace, dont la superstructure et l’interminable quille étaient encore illuminées, écrasait de toute sa masse la perspective.
Par contre, nul signe de ceux après qui nous courions.
— Le pare dispose-t-il de beaucoup d’entrées ? demandai-je.
— Une dizaine à peu près, tout autour de l’enceinte, répondit l’inspecteur.
— Laquelle est la plus proche ?
— Celle qui se trouve sur le côté sud du grand point d‘eau que vous apercevez.
— Alors, je les soupçonne de tenter dc nous fausser compagnie par là.
Sans son fauteuil, Babel n’est pas en mesure de se déplacer seul. Kai’ doit le porter sur ses épaules, et, dans ces conditions, ils ne peuvent se permettre d’emprunter un très long circuit.
Nous primes donc le sentier qui courait en direction de l’étang. Au bord de l’eau, il se divisait en deux petits chemins, bordant chacun une rive du bassin, l’une au sud, l’autre au nord.
— S‘ils ont I’intention de gagner la sortie la plus proche comme vous le supposez, commenta l’inspecteur, alors ils sont passés à gauche.
— Parfait ! Allons-y ! fit aussitôt James.
— Une minute.
Le Diable du Crystal Palace, Fabrice Bourland, "Grandes détectives", 10/18, 2 010