La construction du château de Chambord
Couronné en 1515, François Ier est auréolé de sa victoire à la bataille de Marignan, qui lui permet de bénéficier d’une période de paix, propice aux grands travaux de construction. Mais les agrandissements des châteaux de Blois et d’Amboise ne suffisent pas au jeune roi qui veut éblouir la cour. Chambord sera le premier château entièrement conçu par lui.
Un terrain peu adapté
En 1519, François Ier lance à quelques lieues de Blois, au cœur d’un désert marécageux, l’immense chantier de Chambord, dont il ne verra pas la fin. Le lieu choisi est idéal pour la chasse, dont le roi est passionné : les forêts touffues et les landes abritent en effet de nombreuses espèces. En revanche, le terrain marécageux semble peu adapté à l’édification d’une construction de cette ampleur, et le site est fréquemment inondé par le Cosson, un affluent de la Loire. Construit sur ce terrain mouvant, le bâtiment repose sur des pilots de chêne enfoncés jusqu’à 12 m de profondeur, afin d’établir des fondations solides. Ce terrain marécageux rend le chantier dangereux pour les ouvriers, parfois atteints de fièvres mortelles.
L’un des plus importants chantiers de la Renaissance
François Ier fait travailler dès 1519 les maîtres maçons les plus expérimentés, ayant déjà œuvré sur d’autres châteaux royaux. Les travaux débutés en 1519 sont brièvement interrompus en 1525, alors que François Ier est prisonnier de Charles Quint suite à la défaite de Pavie. Quand le chantier reprend un an plus tard, le roi décide d’ajouter deux ailes latérales au donjon initial, afin d’y accueillir ses propres appartements. C’est l’un des plus importants chantiers de la Renaissance. Environ 220 000 tonnes de pierres de tuffeau (pierre calcaire claire à grains fins, typique de la vallée de la Loire) arrivent par chariots depuis le port de Saint-Dyé. À défaut de pouvoir dévier le cours de la Loire, selon le souhait de François Ier, on se contente de détourner le Cosson par un canal qui alimente les douves.
Un symbole du pouvoir
Entouré d’un parc clos de murs, aussi vaste que Paris, Chambord n’est pas le lieu de l’exercice du pouvoir. C’est un lieu de plaisir, de fêtes et de chasses à l’écart des villes. Il symbolise toutefois le pouvoir par sa magnificence. En 1539, François Ier y accueille Charles Quint qui se montre conquis : on fait ainsi les honneurs du château à ceux que l’on veut éblouir.
François Ier meurt le 31 mars 1547. Le château n’est pas totalement achevé, mais son plan global ne sera pas modifié au cours des siècles suivants, comme si la perfection formelle et la symétrie de l’édifice interdisaient toute intervention ultérieure de grande ampleur.
Louis XIV se contente en effet de confier à Jules Hardouin-Mansart la canalisation du Cosson et l’achèvement de l’aile ouest, de la chapelle et de l’enceinte basse. Ainsi, le Roi Soleil, très conscient de la force symbolique du monument, met-il la dernière main à une manifestation triomphale du pouvoir royal.