L’architecture de la Renaissance
C’est au 15e siècle, à la fin du Moyen Âge, que commence la Renaissance dans la ville italienne de Florence. À cette époque, artistes et savants redécouvrent et assimilent les arts et les sciences de l’Antiquité. Ils développent aussi une pensée propre, qui affirme sa confiance dans les capacités de l’homme : l’humanisme.
L’étude attentive des bâtiments anciens incite les bâtisseurs du 15e siècle à imaginer des édifices au style nouveau. Églises, palais ou même demeures privées s’inspirent des constructions antiques (colonnes, frontons, dômes etc.). Leur harmonie repose aussi sur une recherche constante de symétrie et un calcul rigoureux des proportions.
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Temple de la Paix
À la Renaissance, on redécouvre la culture antique.
Artistes, intellectuels et savants étudient les textes dans leur version d’origine, ou copient les œuvres d’arts, en particulier les statues. Ils voyagent beaucoup, surtout à Rome, pour admirer les bâtiments antiques et en faire des relevés précis.
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© Bibliothèque nationale de France
Les ordres classiques
Les dix livres du traité d’architecture de Vitruve, architecte romain du Ier siècle après Jésus-Christ, sont étudiés attentivement par les architectes et les constructeurs de la Renaissance. On y redécouvre notamment les "ordres", c’est-à-dire les styles antiques des colonnes qui soutiennent les bâtiments.
Ces styles deviennent un élément majeur de la "grammaire" des constructeurs de la Renaissance.
Les trois ordres antiques sont :
- L’ordre dorique : c’est le plus sobre, mais aussi le plus compact (la colonne est assez large par rapport à sa hauteur)
- L’ordre ionique : on le reconnaît à ses volutes sur le chapiteau
- L’ordre corinthien : son chapiteau comporte des motifs végétaux, et la colonne est élancée.
© Bibliothèque nationale de France
Villa Rotonda
L’architecte italien Palladio est le premier à l’employer dans des demeures privées, comme la Villa Rotonda, située dans la campagne vénitienne.
S’inspirer d’une façade de temple pour orner une simple habitation n’est pas anodin. Palladio affirme ainsi que l’individu peut prétendre au beau et à l’harmonie, même dans un espace privé.
Eglise Sant’Andrea, Mantoue, Italie
La voûte de son portail monumental est creusée de caissons qui rappellent l’intérieur du dôme du Panthéon de Rome.
Les pilastres
Ce palais florentin, le palais Rucellai, est remarquable car il superpose les trois ordres sur sa façade. Mais, tout en s’appuyant sur le style antique, l’architecte Leon Batista Alberti innove : il adapte l’ordre dorique au rez-de-chaussée, invente un ordre nouveau au premier étage et simplifie le style corinthien au second.
Le style colossal
Au 16e siècle avec Michel-Ange, le pilastre franchit une étape décisive en se prolongeant sur la hauteur de deux étages, alors que pilastres et colonnes se limitaient le plus souvent à la hauteur de l’étage. Ce style appelé "colossal" sera souvent repris.
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© Bibliothèque nationale de France
Le dôme de Brunelleschi à Florence
Toujours inspirée de l’antique Panthéon de Rome, la coupole est la forme phares de l’architecture de la Renaissance. L’une des plus célèbres surmonte la cathédrale de Florence, et représente un véritable exploit architectural.
Les travaux du Dôme, commandé par la ville de Florence, débutent en 1294. Le bâtiment doit être imposant, et même immense, avec un dôme gigantesque. Mais le projet est tellement ambitieux que les architectes se succèdent sans en venir à bout. La taille de l’édifice suppose en effet une coupole de 42 mètres de diamètre. Comment la construire ?
Pendant plus d’un siècle, le trou de la coupole reste béant. Car pour construire un dôme, on construit habituellement une armature en bois circulaire (les cintres) sur laquelle reposent les briques ou les pierres de l’arche. Quand la pierre supérieure (la clé de voûte) est en place, on peut enlever les cintres. Mais ici, impossible de poser une pièce de bois assez grande et assez solide sur cet espace de 42 m.
Pour répondre à ce problème apparemment insoluble, on imagine même de remplir de terre les murs de l’église pour y appuyer les cintres. Des enfants de Florence auraient ensuite enlevé la terre, dans l’espoir d’y trouver les piécettes cachées !
Filippo Brunelleschi, considéré comme le fondateur de l’architecture de la Renaissance, est consulté en 1 404. Il commence les travaux du Duomo en 1420. Il doit faire face à plusieurs difficultés majeures :
- Le diamètre exceptionnel du dôme : 42 mètres,
- Le fait qu’il doit être construit sur un tambour (octogone de maçonnerie) déjà en place, édifié sans contrefort ni arc-boutant. Ce procédé mis en œuvre dans les cathédrales gothiques permet de répartir les poussées. Mais il est peu utilisé en Italie et ne répond pas à l’esthétique épurée des bâtiments qui y sont construits.
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© Nathalie Ryser
L’Homme de Vitruve
Les humanistes restent convaincus que le monde est une création de Dieu. L’homme, également création divine, est donc parfait, et ses proportions peuvent servir d’unités de mesure. Ce qui explique que depuis l’Antiquité, on calcule les distances en pieds, en coudées ou en pouces.
Sur cette célèbre image, Étude des proportions du corps humain selon Vitruve, l’artiste Léonard de Vinci met en scène l’homme au centre de l’univers, et étudie les proportions entre les différentes parties de son corps. Par exemple, quand les bras sont tendus à l’horizontale, leur longueur équivaut à la hauteur totale du personnage : l’homme s’inscrit exactement dans un carré.
Arrivée de saint Denis aux portes de Paris
La plupart des dessins et tableaux du Moyen Âge ne font pas appel à la perspective. La taille et l’emplacement des objets ou des personnages sont le plus souvent liés à leur importance. Ainsi le roi ou les saints sont-ils généralement disproportionnés par rapport au décor.
Sur cette enluminure française du début du 14e siècle, Saint-Denis, représenté en évêque, entre dans Paris à travers une porte monumentale (mais guère plus haute que lui). Sur la Seine en contrebas, les pêcheurs, pourtant plus proches, figurent en plus petit.
© Bibliothèque nationale de France
Place Santa Croce, Florence
L’annonciation
Avec le développement de la perspective, les personnages de la peinture renaissante se mettent à habiter des espaces architecturaux tout en volume et en profondeur. Couloirs et colonnades, même représentés de façon un peu schématique, sont prétextes à matérialiser l’espace.
Ce nouveau code de représentation exige des artistes qu’ils maîtrisent la géométrie et s’intéressent à la théorie mathématique de la perspective. L’homme de la Renaissance, suivant les valeurs humanistes, se veut un savant complet. C’est pourquoi des sculpteurs ou des orfèvres comme Brunelleschi sont aussi architectes…
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© Samuel H. Kress Collection
La galerie du palais Spada à Rome
Maîtrisant ces effets visuels, les architectes n’hésitent pas à en jouer pour donner au visiteur une impression de profondeur.
Dans cette galerie romaine conçue par l’architecte baroque Francesco Borromini, la perspective est faussée, donnant l’impression d’un couloir beaucoup plus long qu’il n’est en réalité. Cette galerie semble mesurer 40 m de long, mais elle en fait en réalité 9 !
Pour obtenir cet effet, le constructeur resserre peu à peu la largeur du couloir et réduit progressivement l’espace entre les colonnes, comme on peut le voir sur ce plan. De plus, la statue qui ferme la perspective est beaucoup plus petite qu’elle ne devrait l’être.
La galerie est faite pour être vue de l’extérieur. Si l’on se tient à l’intérieur, l’astuce est découverte !
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© Bibliothèque nationale de France
Le cloître de l’église Santa Croce à Florence
Par exemple, les arcs des portes ou des galeries ne sont pas brisés, comme dans l’architecture gothique, mais le plus souvent en demi-cercles parfaits (on dit "en plein cintre").
La Chapelle des Pazzi à Florence
Ce goût pour les formes les plus simples explique que les constructeurs italiens de la Renaissance n’utilisent jamais l’arc-boutant, indispensable pour équilibrer les poussées dans les cathédrales gothiques.
La Cité idéale du15e siècle
Contrairement à la ville du Moyen-Age, les rues des villes de la Renaissance sont rectilignes et permettent de voir loin. Elles rayonnent souvent en étoile à partir d’une place centrale.
Peu de villes réelles respectent complètement ces règles, mais on trouve de nombreuses représentations de "villes idéales" comme celle-ci.
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© Galleria nazionale delle Marche - Urbino, su concessione del Ministero dei Beni e Delle Attività Culturali e del Turismo - Soprintendenza per i Beni Storici Artistici ed Etnoantropologici delle Marche-Urbino
Palmanova
La ville de Palmanova, construite à la fin du 16e siècle, est organisée en toile d’araignée aux lignes parfaitement régulières. Elle a été conçue suivant les idées de l’époque sur la ville fortifiée idéale.
Elle a été conçue en 1593 par un architecte militaire, probablement Giulio Savorgnano, avec la participation de Vincenzo Scamozzi.
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- Direction éditoriale
Françoise Juhel, Éditions multimédias, BnF
Édition
Nathalie Ryser, Pierre-Emmanuel Jouanneau, Éditions multimédias, BnF
Traitement iconographique
Gisèle Nedjar, Éditions multimédias, BnF
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