L'Opéra Garnier face au défi du 21e siècle
Entre les opéras Garnier et Bastille, ce sont plus de 180 000 m2 à chauffer et ventiler, un patrimoine historique à préserver, une dépendance à des secteurs énergivores… et un bilan carbone à faire frémir : 44 654 tCO2 en 2019. Autant dire que l'Opéra Garnier est confronté de plein fouet à la réduction de son impact environnemental !
Toutefois, à l’heure des prises de conscience sur les enjeux du développement durable, l’Opéra a su répondre présent à ce grand défi du 21e siècle.

L'Opéra Garnier en 2025
Entre les opéras Garnier et Bastille, ce sont plus de 180 000 m2 à chauffer et ventiler, un patrimoine historique à préserver, une dépendance à des secteurs énergivores… et un bilan carbone à faire frémir : 44 654 tCO2 en 2019. Autant dire que l'Opéra Garnier était confronté de plein fouet à la réduction de son impact environnemental !
© Emma Thevenot
© Emma Thevenot
La restauration de la façade principale
Côté extérieur, l’Opéra Garnier, et même si plusieurs campagnes de travaux ont déjà eu lieu, a entrepris de restaurer à nouveau sa façade principale, en proie à la pollution, aux chocs thermiques importants comme à l'usure des matériaux. Le chantier s’est tenu jusqu'à la fin 2024, pour 7, 2 millions d'euros, avec deux objectifs majeurs, outre celui de la restauration du bâtiment historique : garantir la pérennité du monument et en améliorer l’impact carbone.
Indépendamment des travaux de nettoyage, de dépollution, mais également de déplombage, la mise en conformité portait, entre autres, sur la restauration des dorures, des éléments sculptés et des sculptures ainsi que sur les dorures des grilles du péristyle, les lettrages, les bustes et chapiteaux. Un système de protection anti-pigeons a également installé.
Et ce n’est pas terminé, car d’autres travaux doivent débuter à l'été 2027 et porter sur la rénovation des équipements scéniques comme de la cage de scène, obligeant cette fois-ci le site à fermer durant deux ans. Il est également prévu une rénovation des façades ainsi que de la toiture.
Construire un opéra plus soutenable pour les générations futures
Sachant que 95 % des émissions de CO2 de l'Opéra Garnier étaient répartis sur quelques postes principaux, les efforts devaient porter sur ces points précis, ainsi que le confirmait Alexander Neef, le directeur général de l'Opéra : "éco-concevoir les productions, mieux planifier les déplacements de nos artistes, maîtriser l'impact de nos bâtiments et de nos activités numériques, sont autant d'actions qui nous permettront de construire pour les générations futures un opéra plus soutenable". À cela, il ne fallait pas omettre la conséquente production de déchets, ainsi que les réseaux de chaleur et la consommation d'électricité, représentant 5 % du bilan total.
Toutefois, la consommation d'électricité a rapidement été réduite de 11 % et le chauffage de 27 % entre septembre et avril 2023 (par rapport à la même période sur l'année précédente). Actuellement, 100 % de l'électricité est produite à partir de sources d'énergies renouvelables et, depuis 2021, 90 % de l'aluminium s'est vu remplacer par l'acier et le bois dans le cadre de la construction des décors.
Concernant l'éclairage, depuis 2022, 80 % d'une production sont désormais couverts par des LED. Ensuite, toujours depuis 2022, 60 % du fameux bois exotique Okoumé (principalement importé du bassin du Congo) a été remplacé par le peuplier et le pin maritime, dont on peut supposer qu’ils sont locaux, ou tout du moins français.
Question consommation, celle d'eau a baissé de 30 % entre 2010 et 2019, et celle de chauffage de 27 % entre septembre et avril 2023 (par rapport à 2022).
Une politique RSE ambitieuse
Un premier plan d'actions avait déjà été mise en place à l’Opéra, mené en interne par la gouvernance de la politique environnementale. Celle-ci est assurée par la directrice déléguée, en charge de la stratégie, des investissements et du développement durable auprès de la direction générale.
Le comité de direction s’est alors entouré d’un réseau de 25 référents estampillés "développement durable" qui représentent de façon proportionnelle et équitable toutes les directions artistiques, techniques et administratives, et qui eux font le lien avec les équipes.
Ce premier plan, outre les autres solutions mises en place, avait débouché sur un large spectre d’avancées significatives en 2022 et 2023 notamment, mais qui se poursuivent bien entendu toujours aujourd’hui.
Efficacité énergétique et ventilation
L’Opéra a mis en place un renforcement de l'efficacité énergétique des bâtiments (outre les travaux d’isolation, de façade et de toiture), avec notamment l'installation d'outils de suivi Smart Impulse et la consolidation de la stratégie numérique durable, avec, entre autres moyens, le développement d'une plateforme de stockage interne.
Les centrales de traitement d'air (pas seulement de l’Opéra Garnier, mais aussi de l’Opéra Bastille comme de l'école de danse) ont été asservis à des sondes CO2, avec pour objectif final le renouvellement de l'entièreté du parc d'ici à 10 ans.
En parallèle, les consignes de température ont été modifiées comme suit : une température hivernale doit être maintenue à 19 ºC dans les locaux et espaces publics (hors espaces occupés par les artistes, maintenus, eux, à 22 degrés), et une température estivale ne peut plus être refroidie sous les 24 ºC (et non 18 °C, comme auparavant). Dans le même temps, les réseaux de chauffage et de refroidissement ont été améliorés.
Les éclairages et les décors
Une campagne de déploiement des éclairages LED a vu le jour : ainsi, fin 2022, les éclairages LED représentaient 35 % des installations lumineuses des bâtiments des quatre sites, avec, pour le Palais Garnier, 85 % de l'éclairage scénique.
Les décors ont, eux aussi, été passés sous le filtre de l’écoconception puisque leur création implique désormais un maximum de matériaux de substitution moins polluants, tels que des peintures recyclées, ou encore l'emploi de bois certifiés PEFC et FSC.
Mobilités douces
Afin de réduire les déplacements générés par l'activité artistique, une clause incitative a été intégrée à tous les contrats concernés. Ladite clause stipule, par exemple, l'annulation du remboursement des frais de déplacement pour les artistes invités choisissant de prendre l’avion (dès lors qu'il existe un trajet en train équivalent de moins de cinq heures), ou encore la création d'une troupe de chanteurs lyriques assignée à résidence chargée d'assurer les petits et moyens rôles.
En sus, l’Opéra améliore l'offre des mobilités douces, notamment en ce qui concerne l'accueil des vélos, ou en proposant une activité évènementielle axée vers la sobriété, et ce afin de responsabiliser aux enjeux de développement durable aussi les partenaires événementiels de l'Opéra de Paris comme les publics.
Enfin, 10 ruches ont pris place sur les toits des deux théâtres.
Et demain ?
Et demain, pourquoi pas une culture des toitures de l'Opéra Garnier en agroécologie, comme à l’Opéra Bastille où, sur une surface d'environ 480 m2, un potager a été installé ?