Histoire de l’opéra Garnier
En 1858, Napoléon III échappe de peu à un attentat à la bombe perpétré par trois anarchistes italiens, en se rendant à une représentation de l’opéra de la salle Le Peletier.

L'attentat à la bombe contre Louis Napoléon à l'entrée du Grand Opéra de Paris
En 1858, Napoléon III échappe de peu à un attentat à la bombe perpétré par trois anarchistes italiens, en se rendant à une représentation de l’opéra de la salle Le Peletier.
Bibliothèque nationale de France
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Il décide dans la foulée de faire construire un nouvel opéra aux accès plus sécurisés, profitant ainsi du fait que la capitale, livrée au chantier haussmannien, est déjà un vaste chantier.

Les nécessaires destructions
Les travaux d’Haussmann entraînent la démolition de centaines de pâtés de maisons jugés insalubres. Ils sont remplacés par de larges avenues rectilignes bordés d’immeubles de pierre.
Le chaos d’un vaste chantier peut aussi attirer l’œil d’un photographe. Charles Marville prend pour sujets les trouées et les gravats du chantier haussmannien, avant que n’apparaissent les larges avenues et les alignements d’immeubles du nouveau Paris.
© Bibliothèque nationale de France
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Construction de l’opéra Garnier à Paris, déblaiement de l’avenue
Dans le cadre des transformations de Paris menées par le préfet Haussmann sous Napoléon III, le choix de l’emplacement de l’opéra Garnier précède la conception même du bâtiment.
L’objectif est clair : créer un édifice visible, identifiable et sécurisé, au croisement de grandes voies nouvellement tracées.
Cette photographie témoigne de l’ampleur des travaux nécessaires pour aménager l’avenue de l’Opéra et dégager une perspective sur le futur édifice.
© INHA
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Une inscription contrainte dans le chantier haussmannien
L’emplacement de ce nouveau monument dédié à l’art lyrique est choisi en 1858, en fonction du tracé d’une des voies déjà prévues par le baron Haussmann. Ce qui deviendra l’avenue de l’Opéra doit rejoindre le Louvre, à travers une percée dans les vieux quartiers du centre de la capitale. Planté au bout de cette vaste avenue, le nouvel opéra en parachèvera la perspective en faisant face au Palais du Louvre.
On retrouve dans cette disposition le goût haussmannien pour des voies larges et rectilignes, à la croisée desquelles trônent des monuments imposants, symboles du pouvoir. Haussmann a déjà prévu l’emplacement du nouvel opéra, et lui a assigné un espace bien précis : l’opéra devra s’inscrire dans un losange délimité par les rues qui le longent, même si cette disposition n’offre aucune vision d’ensemble sur l’édifice, plus large que l’avenue.

Plan du quartier avant les travaux et emplacement du nouvel opéra
Un décret déclare d'utilité publique la construction d'un nouvel opéra en 1860. L’emplacement de ce nouveau monument dédié à l’art lyrique est choisi en 1858, en fonction du tracé d’une des voies déjà prévues par le baron Haussman.
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Le concours : 171 candidats, un lauréat inconnu
Le concours pour le nouvel opéra, l’un des premiers en architecture, est lancé en décembre 1860, pour une construction de 10 000 m2 s’étirant sur 150 m entre le boulevard des Capucines et la rue de la Chaussée-d’Antin.

Portrait de Charles Garnier
Au moment du lancement du concours pour le nouvel opéra, l’un des premiers en architecture, en décembre 1860, le lauréat Charles Garnier a à peine 35 ans, et a construit un seul immeuble. Architecte à la ville de Paris, il dirige néanmoins le percement du boulevard de Sébastopol et a été élève de Viollet-le-Duc. Son projet repose par une étude approfondie des plus grandes salles de spectacle d’Europe. Il séduit le jury par sa cohérence et sa rationalité.
© INHA
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171 réponses sont adressées au jury qui les étudie pendant près d’un an. Certaines proviennent d’architectes très reconnus et proches du pouvoir comme Eugène Viollet-le-Duc, restaurateur de monuments médiévaux célèbres (Carcassonne, Notre-Dame de Paris ou le château de Pierrefonds).
Mais c’est le jeune Charles Garnier, 35 ans et un seul immeuble à son actif, qui est finalement retenu ! Architecte à la ville de Paris, il dirige néanmoins le percement du boulevard de Sébastopol et a été élève de Viollet-le-Duc.

Percement du boulevard de Sébastopol entre les rues de Rambuteau et des Lombards
En 1850, Napoléon III déclare : "Paris est bien le cœur de la France ; mettons tous nos efforts à embellir cette grande cité, à améliorer le sort de ses habitants. Ouvrons de nouvelles rues, assainissons les quartiers populaires qui manquent d'air et de jour, et que la lumière bienfaisante du soleil pénètre partout dans nos murs". C'est à cette époque que le boulevard de Sébastopol est créé.
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Son projet repose par une étude approfondie des plus grandes salles de spectacle d’Europe. Il séduit le jury par sa cohérence et sa rationalité. Derrière la façade principale place de l’Opéra, les différents volumes de l’édifice se succèdent, reflétant exactement le fonctionnement de la salle de spectacle : entrée et accueil des visiteurs, grand escalier, salle de spectacle, scène, arrière-scène, espaces administratifs. Sur le côté gauche, une aile est entièrement dévolue à l’accueil de l’empereur, avec une entrée monumentale qui lui permettra de se rendre au spectacle en toute sécurité. L’aile opposée, moins majestueuse, est réservée aux abonnés. C’est là la seule entorse à la symétrie parfaite qui préside à la conception de tout l’édifice.

L’opéra Garnier
Charles Garnier est nommé architecte du nouvel opéra le 6 juin 1861. Moins de deux mois plus tard, le 27 août, les travaux de terrassement démarrent, mais il faut passer par une phase d’assainissement du terrain longue de plusieurs mois. En effet, les creusements révèlent une nappe souterraine alimentée par des ruisseaux dévalant des hauteurs de Ménilmontant. Pendant huit mois, des pompes à vapeur assainissent les sous-sols, puis Garnier y fait construire un réservoir de béton rempli d’eau, pour compenser la pression de la nappe phréatique, stabiliser le sol et étanchéifier le futur opéra. Ce dispositif aussi imposant qu’imprévu donnera naissance à la légende du lac souterrain sous l’édifice, mais aujourd’hui encore il sert de réservoir d’eau aux pompiers de l’opéra.
La première pierre est posée le 13 janvier 1862, puis six mois plus tard, la première pierre apparente. En 1863, les travaux du premier étage débutent. L’objectif est d’inaugurer l’opéra pour l’exposition universelle de 1867, mais à cette date, si la façade est achevée, la toiture ne l’est pas encore, et ne le sera qu’en 1869.
En septembre 1870, le chantier est stoppé suite à la guerre contre la Prusse et la chute de Napoléon III. L’opéra inachevé devient une réserve de nourriture pour l’armée. Les travaux ne reprennent qu’en 1873, suite à l’incendie de la salle Peletier. Pour la toute jeune IIIe République, il devient alors urgent de disposer d’une salle de spectacle. L’opéra Garnier est finalement inauguré pour la seconde fois en 1875, 15 ans après le début du chantier. Au programme de la soirée d’ouverture figurent non pas une seule pièce, mais des extraits variés, afin de présenter un large échantillon d’œuvres musicales. Charles Garnier y est très applaudi, mais l’histoire retiendra aussi que, n’ayant pas reçu d’invitation, il a dû acheter son billet !
© BnF
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Charles Garnier modifie ses plans au dernier moment quand il apprend que les immeubles alentour dépassent de 5 m la hauteur standard des immeubles haussmanniens. L’attique (dernier étage) de l’opéra aurait été plus bas que les immeubles voisins !

Paris : perspective de l’avenue de l’Opéra
Le chantier

Charles Garnier est nommé architecte du nouvel opéra le 6 juin 1861. Moins de deux mois plus tard, le 27 août, les travaux de terrassement démarrent.
Il faut passer par une phase d’assainissement du terrain longue de plusieurs mois. En effet, les creusements révèlent une nappe souterraine alimentée par des ruisseaux dévalant des hauteurs de Ménilmontant. Pendant huit mois, des pompes à vapeur assainissent les sous-sols, puis Garnier y fait construire un réservoir de béton rempli d’eau, pour compenser la pression de la nappe phréatique, stabiliser le sol et étanchéifier le futur opéra. Ce dispositif aussi imposant qu’imprévu donnera naissance à la légende du lac souterrain sous l’édifice. Aujourd’hui encore, il sert de réservoir d’eau aux pompiers de l’opéra.
La première pierre est posée le 13 janvier 1862, puis six mois plus tard, la première pierre apparente. En 1863, les travaux du premier étage débutent. L’objectif est d’inaugurer l’opéra pour l’exposition universelle de 1867, mais à cette date, si la façade est achevée, la toiture ne l’est pas encore, et ne le sera qu’en 1869.
En septembre 1870, le chantier est stoppé suite à la guerre contre la Prusse et la chute de Napoléon III. L’opéra inachevé devient une réserve de nourriture pour l’armée. Les travaux ne reprennent qu’en 1873, suite à l’incendie de la salle Peletier. Pour la toute jeune IIIe République, il devient alors urgent de disposer d’une salle de spectacle.
L’opéra Garnier est finalement inauguré pour la seconde fois en 1875, 15 ans après le début du chantier. Au programme de la soirée d’ouverture figurent non pas une seule pièce, mais des extraits variés, afin de présenter un large échantillon d’œuvres musicales. Charles Garnier y est très applaudi, mais l’histoire retiendra aussi que, n’ayant pas reçu d’invitation, il a dû acheter son billet !


Inauguration de l'opéra Garnier
Ce dessin, issu de l'hebdomadaire Le Monde illustré, rappelle l'ovation faite à Charles Garnier, au moment de sa sortie de l'opéra.
Bibliothèque nationale de France
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