Les latrines

L’attaque du château fort
Cette enluminure représente le siège de la forteresse de Chateaugiron par Louis d’Anjou et Du Guesclin, pendant la guerre de Cent Ans.
Elle invite à découvrir le château fort à travers son évolution architecturale durant tout le Moyen Âge. À l’origine lieu de défense, le château va peu à peu se transformer au cours des siècles en un lieu de résidence et de prestige. L’exploration propose d’examiner les différents éléments défensifs du château, ainsi que les aménagements résidentiels.
En une seule image en vue plongeante, l’artiste enlumineur parvient à représenter toutes les fonctions du château : à la fois militaire et résidentielle.
© BnF
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À la campagne, les toilettes privées ne sont pas jugées indispensables : les résidents vont se soulager dehors ou à l’étable, où sont fréquemment installés des sièges de toilettes. Mais au château ou en ville, elles constituent très tôt un élément de confort essentiel et témoignent d’un sens du confort certain.
Le plan des châteaux permet de repérer aisément l’endroit réservé aux latrines : elles sont en général installées dans une tour ou dans une tourelle en surplomb d’un fossé, le plus loin possible de la façade principale. Ces latrines en encorbellement, dont l’installation est peu coûteuse, n’ont pas besoin de conduits ni de fosses : les matières fécales tombent directement dans un fossé ou dans un espace isolé, au pied de la muraille, où les jardiniers peuvent les récupérer pour le compost.
Les toilettes disposent d’une porte ; elles sont aérées par un "éventouer", simple petite ouverture démunie de verre à vitre. Elles sont construites de préférence au dos d’une cheminée, afin d’être chauffées par la paroi mitoyenne. Le trône est maçonné quand il est construit dans le bâtiment même, ou en plâtre, plus léger, dans le cas des encorbellements. Le siège, dépourvu de couvercle, est en bois. Dans les hôtels aristocratiques, il est recouvert de velours. Dans les espaces publics, on trouve des toilettes collectives sous forme de bancs de bois percés à plusieurs places.

Les latrines au Moyen Âge
Parfois, les latrines sont de petites maisons en planches construites dans le jardin de la maison, à l’arrière, et donnant directement sur un ruisseau. En forme de cabine, elles portent le nom de "cabinet".

Latrines en surplomb d’une ruelle sanitaire dans laquelle l’utilisateur est tombé
Sur cette image, On voit des latrines en surplomb d’une ruelle sanitaire dans laquelle l’utilisateur est tombé, le plancher s’étant malencontreusement détaché.
L’antiquité romaine connaît les toilettes, ou latrines, directement raccordées au système d’égouts, du moins dans les villes qui en sont équipées. Au Moyen Âge, à la campagne, les toilettes privées ne sont pas jugées indispensables : les résidents vont se soulager dehors ou à l’étable. Mais au château ou en ville, elles constituent très tôt un élément de confort essentiel.
Les maisons de ville habitées par des marchands aisés sont couramment pourvues de latrines depuis le 12e siècle. Certaines demeures, au 15e siècle, disposent même de latrines à tous les étages.
Dans le cas d’habitations plus modestes, les latrines sont souvent construites au niveau des greniers, entre deux maisons qui en partagent l’usage. On les voit en surplomb au-dessus de ruelles condamnées et transformées en vides sanitaires ou en fosses d’aisance en plein air.
Il existe aussi des latrines publiques, appelées “retraits”, situées sur les ponts ou sur les murs d’enceinte et qui sont mises à disposition de tous. Ces toilettes donnent généralement sur des voies d’eau, qui favorisent l’évacuation.
© BnF
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Chasse d’eau ou conduit d’évacuation
Dans les grands monastères, des lâchers d’eau lavent à intervalles réguliers la canalisation en sous-sol des toilettes communautaires. Mais le plus souvent, les latrines sont dépourvues de chasse d’eau. Dans les demeures aisées, les sièges donnent sur un conduit en terre cuite, ou en moellons liés au mortier de chaux. Il est intégré aux murs, et sa pente verticale et sa largeur (jusqu’à 75 cm de diamètre) doivent suffire à l’évacuation des produits faisant fonction de papier hygiénique : feuilles de plantes appréciées pour leur dimension et leur velouté (le bouillon-blanc), paille, coton chez les aristocrates, papier usagé à partir du 16e siècle…
De telles latrines représentent un investissement important, ce qui en fait un élément de confort et de luxe réservé aux élites.
"Les maîtres fifi", un corps de métier spécifique
Rares sont les latrines branchées sur un égout. Les conduits donnent sur une fosse maçonnée aménagée en sous-sol. Le sol peut être légèrement incliné afin d’assurer l’homogénéité du remplissage. La dimension de la fosse dépend du nombre d’habitants : dans un château princier, où résident de nombreux invités et serviteurs, son volume est celui d’une grande cave. Ces fosses, dotées d’une trappe obturée d’une dalle de pierre, ouvrent sur un fossé, une rue, une cour, d’où l’on peut les curer une fois par an. Un corps de métier est spécialisé dans cette tâche : les “maîtres fifi”.