Le carrelage au Moyen Âge
Au Moyen Âge, les carreaux de pavement s’imposent pour les aménagements intérieurs des édifices : toute boutique demeure d’un certain rang possède un sol carrelé (ou pavé). Le métier de carreleur n’existe pas encore : les carreaux ordinaires sont fabriqués et cuits par des tuiliers ou des briquetiers. Quant à la pose, elle est assurée par les maçons qui incrustent les carreaux sur un lit de mortier.
Les carreaux de pavement sont en général de forme simple, le plus souvent carrée. Certains sont dotés d’une rainure creusée au couteau à l’avance pour permettre au carreleur de les sectionner facilement.
Les carreaux de pavement sont posés sur un lit de mortier par des "paveurs". En Italie, le pavement en terre cuite est souvent constitué de briques, disposées à plat, en chevrons. En France, on a parfois pavé le sol de cuisines en briques ou en tuiles disposées sur chant.
Dans les habitations
En France, dans les maisons bourgeoises, les carreaux sont souvent de simples carrés sans aucune décoration. Balayés et lavés régulièrement, ils servent surtout au confort et à la propreté des intérieurs domestiques.
Parfois, les carreaux ne sont posés qu’à l’économie, aux emplacements critiques : sur le contrecœur (mur du fond) de cheminée, pour protéger la souche des flammes, ou autour de la cheminée, pour éviter le risque d’incendie et nettoyer les cendres ; le reste du sol est alors en terre battue posée sur un apprêt de sol en rez-de-chaussée ou sur un plancher à l’étage.
Dans les demeures prestigieuses et les églises
Pour les parties résidentielles des châteaux des grands aristocrates, il existe des carreaux triangulaires, rectangulaires et circulaires qui permettent de composer des décors de sols variés. L’assemblage de ces formes permet de composer des motifs complexes sur le sol, en chevrons ou selon une grille carrée, circulaire, voire étoilée.
Sur les carreaux, des motifs peuvent être peints en couleurs contrastées : bleu et blanc, ou rouge et blanc. Ils composent des formes géométriques simples : flèches, carroyages, quadrillages en losange, etc. En dépit de leur simplicité, les motifs sont exécutés d’après un patron dessiné sur un parchemin, par un peintre.
Beaucoup plus courants sont les sols composés de carreaux carrés. L’assemblage habituel est le motif en échiquier, où des carreaux de couleurs contrastées alternent en quinconce.
L’influence arabe
Mais pour les édifices les plus prestigieux, les exigences sont bien supérieures. À la fin du 14e siècle, pour faire réaliser de somptueux sols en carreaux de terre cuite, le roi de France et des princes du sang comme le duc Jean de Berry ont même fait appel à des potiers étrangers capables d’obtenir des couleurs comme le bleu, alors inconnu en France. Dans les châteaux royaux et ducaux, des potiers “sarrasins” (arabes) sont spécialement venus d’Espagne. Ils ont aussi importé une forme de carreau caractéristique de l’islam médiéval, l’étoile, dont ils ont par exemple pavé le château de Vincennes. Pour composer un sol, ces étoiles sont associées à des carreaux hexagonaux.
Plus compliquée encore est la pose des carrelages en forme de mosaïque géométrique, réservés, semble-t-il, aux églises et abbayes. D’une grande complexité, il paraît abandonné dès le 13e siècle au profit des carreaux peints.