Le dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob parle, contrairement aux idoles qui "ont une bouche et ne parlent point, des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas, des narines et n’ont pas d’odorat" (Psaume CXV, 4). Le décor de ce premier feuillet du Livre des Nombres, Bamidbar en hébreu, est composé de figures géométriques, d’entrelacs labyrinthiques et de grotesques réalisés à partir des notes massorétiques micrographiées. Écrit dans un registre plus grand, le premier mot, vayidaber, "[l’Éternel] parla", ainsi isolé, semble être mis en exergue et s’élever. La Parole de Dieu, invisible, devient, par l’intervention de la main de l’homme, réelle, tangible. Cette parole créatrice peut alors faire irruption dans l’histoire, car une fois prononcée et écrite elle demeure à tout jamais.
À l’homme de trouver son chemin vers le sens profond de cette parole.