Le métal, omniprésent et caché

Construction de l’opéra Garnier à Paris, vue du vestibule circulaire et du plancher du parterre
Construction de l’opéra Garnier à Paris, vue du vestibule circulaire et du plancher du parterre | © INHA
Construction de l’opéra Garnier à Paris, le "Fantôme de l’Opéra" et les ouvriers sur le toit
Construction de l’opéra Garnier à Paris, le "Fantôme de l’Opéra" et les ouvriers sur le toit | © INHA

Avec l’essor de la métallurgie au début du siècle, le fer et la fonte permettent de construire autrement, en remplaçant les lourdes structures de pierre par des ossatures plus légères et tout aussi résistantes.
On utilise surtout :

  • la fonte, produite par moulage en fonderie, qui résiste très bien à la compression mais peu à la flexion. La fonte est donc surtout employée pour les structures verticales sur lesquelles l’édifice s’appuie (colonnes, piles…) ;
  • le fer, produit par étirage en métallurgie, résiste à la traction et se comporte bien à la flexion. Il est employé pour les longues pièces de charpente ou les linteaux de grande portée posés horizontalement.

Pour la construction de l’opéra, Garnier a évidemment recours au métal. Il en fait même un usage exceptionnel à tous les niveaux : les planchers, les murs, les balcons et le dôme. Ce choix, dans une salle de spectacle abondamment éclairée au gaz (avant de passer à l’électricité), est essentiel pour prévenir les risques d’incendie. Les lames de fer sont assemblées par des rivets.

Construction de l’opéra Garnier à Paris, vue des couloirs du parterre
Construction de l’opéra Garnier à Paris, vue des couloirs du parterre | © INHA
Opéra Garnier, rotonde des abonnés : coupe montrant le détail de la structure métallique
Opéra Garnier, rotonde des abonnés : coupe montrant le détail de la structure métallique | © BnF

Cachez ce fer !

La salle de spectacle cache une sorte de cage métallique qui supporte les charges de ses différents niveaux. Son ossature verticale est formée de colonnes en fonte creuse, de 50 cm de diamètre et 3,5 cm d’épaisseur. Posées par deux, elles soutiennent une bonne partie du plancher des loges et des planchers et couloirs, mais aussi la maçonnerie des combles et la charpente métallique du dôme extérieur. D’autres colonnes creuses en fonte, de taille plus réduite, sont utilisées aux étages inférieurs et supérieurs.

Cette structure métallique omniprésente est pourtant soigneusement cachée derrière les marbres, les boiseries et les cloisons. La salle de spectacle est revêtue de marbres, de bois et de velours. En effet, au moment où démarre le chantier, le fer est encore assimilé à un matériau industriel, dont l’esthétique ne convient pas à une salle de spectacle fastueuse. Ce n’est que plus tard, pour des édifices comme la salle Labrouste, ou, bien entendu la tour Eiffel, que les architectes commenceront à faire apparaître la structure métallique d’un édifice.