Zaha Hadid, femme et "starchitecte"
Zaha Hadid est née en Ira à Bagdad en 1950. Issue d’un milieu aisé, elle passe une partie de son enfance en Grande-Bretagne et en Suisse puis, adolescente, part étudier les mathématiques à Beyrouth (Liban). Elle se tourne définitivement vers l’architecture quand elle s’inscrit à l’Architectural Association School of Architecture à Londres, où elle retrouve encore une atmosphère très cosmopolite. C’est là qu’elle rencontre Rem Koolhaas ou Bernard Tschumi qui deviendront aussi de grands architectes. Sa première agence à Londres développe une architecture très originale : Zaha Hadid dessine des lignes courbes, des compositions déstructurées et légères, rendant l’exécution de ces projets comme de grands défis techniques pour les ingénieurs. D’une certaine manière, Zaha Hadid réinterprète le langage développé par les architectes avant-gardistes du début du 20e siècle, comme les constructivistes russes comme El Lissitzky, Vladimir Tatline ou Bertold Lubetkin.
Zaha Hadid construit partout dans le monde : la caserne de pompiers pour Vitra à Weil am Rhein (Allemagne, 1993), le centre culturel Heydar-Aliyev à Bakou (Azerbaïdjan, 2007), un pont à Abou Dhabi, l’opéra de Canton (Chine, 2010), le MAXXI, musée des arts du 21e siècle à Rome (Italie, 2010), le bâtiment “Pierres vives” à Montpellier (2012)… En 2004, Zaha Hadid est la première femme à recevoir le Pritzker Prize pour son œuvre. Elle meurt en 2016, victime d’une crise cardiaque à Miami. Zaha Hadid laisse derrière elle une agence forte de plus de 400 employés travaillant dans le monde entier et dont le siège se situe toujours à Londres.
Femme et architecte
Jusqu’à récemment, la profession d’architecte était essentiellement masculine : la première femme étudiant l’architecture à l’École des beaux-arts de Paris s’appelle Julia Morgan. Cette Américaine obtint son diplôme d’architecte en 1902. Le monde de l’architecture est resté, tout au long du 20e siècle, essentiellement masculin. Toutefois, quelques femmes ont réussi à exercer, souvent grâce à des institutions progressistes, comme le Bauhaus, qui prônent l’égalité entre les sexes. Souvent, les femmes restaient à l’ombre des hommes : Charlotte Perriand, Lina Bo Bardi, Denise Scott-Brown, Eileen Grey, Aino Aalto… Mais aujourd’hui, l’histoire commence à leur rendre justice.
Les “starchitectes”
Les "starchitectes", ce mot-valise, mélangeant star et architecture renvoie à un phénomène apparu vers la fin du 20e siècle. Le recours à des architectes mondialement connus permet aux investisseurs et aux institutions publiques d’être visibles sur la scène internationale.
Dans le sillage du musée Guggenheim de Bilbao conçu par Frank Gehry, les villes, soucieuses de leur image, font appel à des noms connus pour de grands projets, censés stimuler l’attractivité d’un quartier, d’un secteur, d’un quartier. Conçue par Herzog & de Meuron dans les espaces d’une ancienne usine électrique, la Tate Modern a signé en 2000 la renaissance de l’Est de Londres. Le campus de Lausanne a vu la construction, très médiatisée, du Rolex Learning center entre 2007 et 2010, par l’agence japonaise SANAA. La “starchitecture” touche le monde entier ; elle est l’un des marqueurs de la mondialisation, particulièrement visible aux Émirats arabes unis (Louvre Abou Dabi, Jean Nouvel arch., 2017 ; Burj Khalifa, Dubaï, SOM arch., 2003) ou en Asie (siège de la CCTV, Chine, Rem Koolhaas arch., 2004-2009 ; Marina Bay Sands, Singapour, Moshe Safie arch., 2010). On qualifie souvent ces grandes réalisations d’iconiques.