Diébédo Francis Kéré, architecte de la communauté
Né en 1965, Diébédo Francis Kéré passe une partie de son enfance à Gando, avant de s’exiler pour poursuivre des études à Berlin, où il a son agence. Il travaille aujourd’hui dans le monde entier, sans jamais perdre de vue Gando.
Un exil nécessaire
A l’âge de 7 ans, Diébédo Francis Kéré est envoyé par sa famille à Ouagadougou. C’est la seule solution pour aller à l’école, car aucun établissement d’enseignement n’existe à Gando. Après une formation au métier de charpentier, le jeune homme obtient une bourse pour poursuivre ses études en Allemagne. En 1990, il s’installe à Berlin où il passe son baccalauréat et s’engage dans des études d’architecture.
Loin de son pays natal, il n’a de cesse de penser à sa famille et sa communauté. Kéré fonde l’association « Schulbausteine für Gando » pour aider au développement de son village. La première action est de construire une école, afin que les enfants aient accès à l’éducation sans quitter leur village.
Le retour au pays natal
Diébédo Francis Kéré revient toujours à Gando. C’est son village natal mais aussi son laboratoire. Laboratoire technique, parce qu’il imagine de nouvelles manières de construire, mais aussi laboratoire social, parce que la participation des habitants est indispensable à la réussite de ses projets.
Être architecte africain
En Afrique, les formations à la pratique de l’architecture sont encore peu nombreuses et manquent de moyens. Très souvent, les jeunes gens aspirant au métier d’architecte visent l’Europe ou l’Amérique, mais l’obtention d’un visa et le coût de longues études à l’étranger sont de lourds obstacles. Les architectes africains connus à l’échelle internationale sont aujourd’hui peu nombreux… Francis Kéré revient souvent dans ses discours sur son envie de créer une école d’architecture en Afrique.
Construire avec le peuple, une histoire africaine ?
On peut inscrire l’action de Kéré dans l’histoire de l’architecture participative qui, en Afrique, a connu des réalisations marquantes. Dans les années 1950, l’architecte égyptien Hassan Fathy lance, près de Louxor, la construction du nouveau village de Gourna à laquelle doivent participer les habitants. Hassan Fathy revendique alors l’emploi de la terre, la redécouverte des techniques de construction traditionnelles et l’auto-construction. Cette aventure a été racontée par l’architecte dans Construire avec le peuple, paru dans les années 1970. Cet ouvrage devint un classique, au même titre que L’atelier du désert d’André Ravéreau qui relate son action pour sauvegarder le patrimoine de la vallée du M’Zab en Algérie.