Les unités d’habitation grandeur conforme
Le projet d’unité d’habitation de grandeur conforme, qui se concrétise pour la première fois à Marseille, s’inscrit dans des études plus anciennes menées par Le Corbusier sur le logement collectif et l’urbanisme.
Une "ville contemporaine pour trois millions d’habitants"
Pour Le Corbusier, l’architecture est indissociable de l’urbanisme. Dès les premières années de sa carrière, l’architecte réalise de nombreuses études sur la forme et l’organisation des villes, études qu’il mettra très peu en œuvre. Elles lui permettent toutefois de poursuivre ses réflexions sur l’habitat collectif.
Dès 1922, Le Corbusier étudie le projet d’une ville contemporaine pour trois millions d’habitants. Composée de plusieurs gratte-ciel cruciformes de 60 étages, d’immeubles à redans, d’immeubles-villas et de cités-jardins, cette proposition n’a pas pour but de “vaincre des états de choses préexistants, mais d’arriver en construisant un édifice théorique rigoureux à formuler des principes fondamentaux d’urbanisme moderne” (Le Corbusier, Urbanisme, Paris, G. Crès & Cie, 1924, p. 158).
Lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels de 1925, Le Corbusier réalise un prototype d’appartement pour "immeuble-villa" : le pavillon de l’Esprit Nouveau. C’est à partir de ces recherches qu’il développe son projet d’unité d’habitation grandeur conforme, en reprenant notamment le principe de l’intégration des équipements collectifs et la disposition des appartements sous la forme de duplex s’ouvrant sur des loggias.
S’il souhaite déjà mettre en œuvre l’unité d’habitation grandeur conforme pour l’Exposition internationale de Paris en 1937, ce n’est qu’à partir de 1945 que Le Corbusier privilégie cette forme d’habitat dans ses études urbaines, notamment pour le plan de reconstruction de la ville de Saint-Dié dans les Vosges.