Histoire de la Neue Wache
La Neue Wache a été construite dans une ville de Berlin fortement marquée par la présence militaire : à la fin du 18e siècle, un quart de ses habitants étaient des soldats. L’évolution de la ville, devenue capitale de l’Empire allemand en 1871, rend inutile le corps de garde de Schinkel, qui sert alors de lieu d’exposition pour des uniformes. L’histoire de Berlin en fera l’un des hauts lieux du souvenir et de la commémoration. Expression de l’autorité prussienne, son architecture sévère s’accorde bien avec cette finalité.
Une situation privilégiée
Avant de connaître une croissance fulgurante à la fin du 19e et au début du 20e siècle, Berlin s’est développée à l’ouest du cœur médiéval, selon un axe nord-sud, la Friedrichstrasse.
La Neue Wache se trouve sur Unter den Linden (en allemand « sous les tilleuls » ), une allée plantée aménagée en 1647, qui conduit du Château, dans la partie médiévale de Berlin, à l’ancienne réserve de chasse située à l’ouest (aujourd’hui Tiergarten, le parc central de la ville). Les principaux monuments de la ville classique sont construits en bordure de cette promenade. Avant la réunification de l’Alllemagne, Unter den Linden constituait l’extrémité occidentale de Berlin Est, et la Neue Wache se trouvait dans à l’est.
Un mémorial
Après la Première Guerre mondiale, l’architecte Heinrich Tessenow est chargé d’aménager le bâtiment pour le transformer en mémorial en hommage aux victimes de la guerre. Il place au centre un bloc granite noir sur lequel est posée une couronne de chêne dessinée par le sculpteur Ludwig Gies. Un oculus ménagé dans la toiture éclaire le lieu du recueillement.
Fortement endommagée pendant et après la Seconde Guerre mondiale, la Neue Wache est reconstruite entre 1957 et 1960. Mais on hésite dans les années 1950 sur sa destination : librairie attenante à l’université Humbolt située juste à côté ? lieu d’exposition d’une maquette de la ville ? mémorial à Goethe ?
A l’heure des deux Allemagne
En 1960, c’est finalement le Mémorial des Victimes du Fascisme et du Militarisme qui est accueilli dans la Neue Wache. Mais huit ans plus tard, la RDA (République démocratique d’Allemagne) décide d’adapter le mémorial à la doctrine socialiste. De nouveaux éléments servant cet objectif sont intégrés : une flamme du souvenir, des restes de résistants et de la terre venue des camps, ainsi que ceux d’un soldat allemand inconnu mort en avril 1945. Des armoiries sont disposées sur le mur du fond, et le cérémonial de la relève de la garde est réintroduit.
En 1993, suite à la réunification des deux Allemagne, le mémorial change à nouveau de nom : c’est désormais le Mémorial central de la République fédérale d’Allemagne aux Victimes de la Guerre et de la Dictature.
Elle est aujourd’hui occupée par la reproduction agrandie d’une sculpture de Käthe Kollvitz (Pietà, 1937-1938) représentant une mère pleurant son fils mort.