Le Petit Trianon de Versailles, 1762-1769
À 1 km environ du château de Versailles, le hameau de Trianon est investi par les rois à partir du 17e siècle. Plusieurs résidences y sont construites au fil des ans, lieux de détente plus proches de la nature que l’immense château tout proche.
De la porcelaine au marbre
Après avoir racheté les propriétés de ce village et fait évacuer ses habitants, Louis XIV ordonne la construction du Trianon de porcelaine, couvert de carreaux de faïence blanche et bleue. Cet édifice n’était pas une résidence permanente, mais un lieu de plaisir et de détente où le roi, la Cour et les hôtes de marque venaient se divertir et prendre des collations. Destiné aussi à abriter les amours du Roi-Soleil et de sa favorite Madame de Montespan, le Trianon de porcelaine, trop fragile, est détruit en 1687.
Le Grand Trianon ou Trianon de marbre, construit par Jules Hardouin-Mansart, le remplace la même année. Tout autour sont aménagés des jardins à la française. Leur composition géométrique et régulière trace de grandes allées, aménage des bassins alternant avec des parcelles plantées. Le fleurissement y était constant grâce aux jardiniers qui changeaient les pots tous les jours.
Le domaine comprend aussi la création d’une ménagerie, d’un poulailler, d’une bergerie et d’une laiterie. Sur invitation du roi, la Cour pouvait – en quelque sorte – assister au spectacle de la nature en observant les troupeaux de vaches et de moutons et la collection de volailles.
Un lieu ouvert sur la nature
Situé un peu à l’écart dans le domaine versaillais, Trianon est choisi par Louis XV qui y installe son épouse Marie Leszczynska qu’il délaisse. Madame de Pompadour, favorite du roi, élit aussi Trianon comme un lieu de plaisir. Avec pour objectif de divertir son amant, elle prévoit un potager, un verger, des enclos fleuris. L’accomplissement de cet ensemble paysager reste la constitution d’un jardin botanique qui réunit plus de 4 000 variétés de plantes provenant des quatre coins du monde. On y trouvait alors des figuiers, des caféiers (dont le roi était particulièrement friand), des vanilliers, des cacaoyers, des fraisiers, des hibiscus… Charmé, Louis XV ordonne à Ange-Jacques Gabriel en 1762 la construction du Petit Trianon. Dans la pensée du 18e siècle, la nature tient une place de plus en plus importante. Cette quête séduit la reine Marie-Antoinette qui pose pour son amie Louise Élisabeth Vigée Le Brun dans un bosquet, cueillant délicatement des roses. Après avoir organisé de somptueuses fêtes à Trianon, la reine, désormais mère, s’assagit et souhaite offrir à ses enfants une vie simple, débarrassée de l’étiquette et des règles de vie de la Cour. Trianon devient un véritable refuge, de plus en plus détaché de Versailles : outre la laiterie, de nouveaux jardins potagers et des troupeaux qui paissent aux alentours, la reine demande à l’architecte Richard Mique la reconstitution d’un hameau, avec ses chaumières et son moulin.
Le Petit Trianon : une architecture domestique
Les dimensions du Petit Trianon n’ont rien des grands palais. Alors que le château de Versailles exprime le faste et la puissance, le Petit Trianon privilégie l’intimité et une certaine simplicité. Ses dispositions intérieures révèlent des transformations dans l’architecture domestique au 18e siècle, où l’on préfère les petites pièces aux grands espaces d’apparat. Le rez-de-chaussée est dans sa majorité destiné aux services : on y trouve une salle des gardes, deux fruiteries, la salle de l’argenterie (où la vaisselle et les couverts sont rangés) et un réchauffoir, petite cuisine d’appoint. L’entrée des visiteurs s’effectue par le vestibule dans lequel l’escalier d’honneur mène au premier étage. À côté du vestibule, une salle de billard permet au roi et à ses hôtes de s’adonner à ce jeu alors très populaire. Le premier étage est réservé aux “seigneurs”. Dans le sens des aiguilles d’une montre, une enfilade de pièces se succèdent : le grand escalier donne sur l’antichambre dans laquelle les invités patientent avant d’être reçus. Celle-ci mène à la grande et la petite salles à manger, ouvertes sur le jardin français. Au nord, le salon de compagnie est l’une des plus vastes surfaces avec la grande salle à manger. Il communique avec une pièce plus intime, le boudoir, lui-même directement relié à la chambre de la reine. Un cabinet de toilette communique de l’autre côté de la chambre. Le tour du premier étage s’achève par l’escalier qui mène à un entresol puis au dernier étage, appelé aussi attique. Ces deux niveaux ont des hauteurs sous plafond plus réduites. L’entresol n’occupe que la partie nord-est du château et ses fonctions sont directement liées aux appartements de la reine qui se situent juste en dessous : on y trouve principalement la bibliothèque, la chambre de la dame d’honneur ainsi que celle de la femme de chambre. Enfin, l’attique réunit de nombreuses petites pièces comme la chambre du roi et celles des enfants, des cabinets de toilette, un boudoir et un petit salon. Au centre de l’étage, sans éclairage et sans aération, les lits du personnel occupent les moindres recoins.
Le jeu de bague, un manège à la mode
À l’entrée du jardin anglais, une attraction chère à Marie-Antoinette et à ses proches avait été construite. Le jeu de bague chinois est un manège coiffé d’une ombrelle et d’une girouette sous laquelle des paons ou des dragons sculptés étaient chevauchés par les participants. L’ensemble fonctionnait grâce à un pivot central actionné par des hommes dans une galerie technique creusée en sous-sol. Chaque joueur, équipé d’une petite lance, devait décrocher des anneaux suspendus.