La révolution de la construction métallique au 19e siècle
Les progrès techniques du 19e siècle bouleversent les métiers du fer… qui bouleversent à leur tour l’architecture et la construction.
Avec la découverte du procédé du puddlage, la conception de planchers, de poutres, de pans de fer, de combles, de doubles T devient alors possible. Cette industrie nouvelle de la charpente métallique va peu à peu remplacer la charpente de bois. L’un des premiers exemples parisiens est la reconstruction de la charpente de la Halle aux blés entre 1806 et 1811 : sa charpente de bois, détruite par un incendie, est remplacée par une structure en fer, recouverte dans un premier temps de feuilles de cuivre.
En même temps que le fer gagne du terrain dans le bâtiment, le champ d’action du serrurier métallier s’élargit. Les outils du métallier serrurier évoluent. De nouveaux outils apparaissent pour permettre des réalisations à une nouvelle échelle : la meule à émeri succède à la lime, la machine à raboter supplante le burin, le marteau du frappeur de rivet laisse la place à une machine à river : la riveuse.
Pour le gros-œuvre, le charpentier métallique concurrence désormais le charpentier bois. Alors que les charpentiers bois mènent une longue grève en 1845, les entrepreneurs se tournent vers le métal, et les compétences des serruriers, pour achever les chantiers en cours. Ce conflit social aurait contribué à accélérer le recours au métal pour les charpentes, et à imposer le métier de charpentier métallique.
Le métal gagne peu à peu tous les types de construction. Les premiers sont les ponts, les gares et les bâtiments industriels, car le fer n’a pas encore conquis ses lettres de noblesse pour les bâtiments publics les plus prestigieux. Le premier bâtiment à afficher au grand jour sa structure métallique est une usine, située en région parisienne et non au cœur de Paris : la chocolaterie Menier à Noisiel, construite en 1871.
En 1851, le Crystal Palace de Londres, construit à l’occasion de la première Exposition universelle, popularise l’architecture de fer et de verre, qui permet la construction de vastes espaces lumineux en un temps record. Bâtiments qui, rapidement construits, peuvent même être provisoires. En effet, l’emploi de pièces métalliques fabriquées en amont du chantier en atelier accélère nettement les délais de construction. Napoléon III, en visite à Londres, s’enthousiasme pour cette architecture et l’encourage dans le cadre du grand chantier haussmannien de refonte de la capitale française.
À l’image des halles de Baltard, les passages couverts marchands et les nouveaux grands magasins adoptent à leur tour une architecture qui met en valeur la marchandise, grâce à ses verrières et ses larges baies vitrées, tout en facilitant les déplacements de la clientèle.
En 1889, l’inauguration de la tour Eiffel réalisée pour l’Exposition universelle marque le triomphe de l’architecture de fer. Réalisée en 26 mois à peine, la "Dame de fer" impose durablement la construction fer dans le paysage urbain, au point de devenir l’emblème de la France.