Les morteliers au Moyen Âge
Au Moyen Âge, le mortelier fabrique le mortier, élément majeur du mur puisque c’est sur lui que repose en grande partie sa solidité. Il permet aussi bien de réaliser le blocage qui compose de nombreux murs que de lier entre eux les moellons équarris.
Le mortier est constitué d’un mélange de chaux et de sable. Sa qualité varie suivant le type de construction, les époques, mais aussi les ressources locales en matières premières. Il n’est pas rare qu’avant le 12e siècle, le mortier soit mélangé à des débris de tuileaux (briques ou tuiles), et ne contienne que peu de chaux. Par la suite, on trouve deux types de mortier de meilleure qualité : le mortier de blocage fait de très gros graviers, et celui utilisé pour les joints et la pose des lits de pierre, composé de bon sable de rivière, fin et pur.
Mortier gras et mortier maigre
Plus le mortier est composé de sable, plus il est dit maigre. Quand, au contraire, il est riche en chaux, il est gras. Le sable peut être plus ou moins fin, voire remplacé par des cailloux ou des graviers. D’autres ingrédients complètent parfois le mélange : de l’œuf, du fromage blanc, du sang de bœuf par exemple pour augmenter l’adhérence du mortier ; de la poix, de la cire ou du mâchefer, suivant des recettes héritées de l’Antiquité, pour le rendre imperméable.
La fabrication du mortier s’effectue toujours sur le lieu de construction, dans un bac en bois réservé à cet effet, souvent délimité par des planches dressées sur chant. Le mortelier est aidé dans son travail par des manœuvres, chargés de l’approvisionner en eau ou en chaux et de ravitailler les maçons en mortier. Ces aides, qui sont parfois des femmes, sont rémunérés à la tâche ou à la journée, et bien souvent recrutés sur place. Pour obtenir un mortier homogène, on mélange d’abord longuement et à sec les différents matériaux avant d’ajouter de l’eau et de malaxer à nouveau, opération qui s’appelle le gâchage. Ce travail s’effectue à l’aide d’une houe ou d’une raclette composée d’une planchette semi-circulaire fixée au bout d’un long manche. Pour écraser les blocs trop importants de sable, le mortelier se sert également d’un pilon au long manche. Le mortier doit être transporté jusqu’aux maçons avant qu’il ne prenne et ne durcisse ; il est donc rapidement transvasé dans divers récipients grâce à une pelle. Baquets et seaux en bois renforcés de cercles en métal permettent de stocker et de transporter le mortier, l’eau, le sable, ou la chaux. Pour les baquets, un bâton est placé entre les deux oreilles qui prolongent deux douelles. Les auges, le plus souvent rectangulaires et portées sur une épaule, sont utilisées par le maçon pour transporter les pierres aussi bien que le mortier. Un récipient spécifique sert au transport du mortier : c’est l’oiseau. Il est constitué de deux planches à angle droit, l’une d’elles se prolongeant par deux manches permettant de le porter sur les épaules, l’autre se prolongeant le long du dos pour répartir la charge. Afin de faciliter son travail, le mortelier installe parfois l’auge à remplir à hauteur d’homme grâce un trépied en bois ou une table ; à la fin du Moyen Âge, il n’est pas rare qu’un chevalet soit réservé à cet effet.