La naissance des W.-C.
L’antiquité romaine connaît les toilettes, ou latrines, directement raccordées au système d’égouts, du moins dans les villes qui en sont équipées. Au Moyen Âge, à la campagne, les toilettes privées ne sont pas jugées indispensables : les résidents vont se soulager dehors ou à l’étable. Mais au château ou en ville, elles constituent très tôt un élément de confort essentiel.
Dans les villes du Moyen Âge…
Les maisons de ville habitées par des marchands aisés sont couramment pourvues de latrines depuis le 12e siècle. Certaines demeures, au 15e siècle, disposent même de latrines à tous les étages.
Dans le cas d’habitations plus modestes, les latrines sont souvent construites au niveau des greniers, entre deux maisons qui en partagent l’usage. On les voit en surplomb au-dessus de ruelles condamnées et transformées en vides sanitaires ou en fosses d’aisance en plein air.
Il existe aussi des latrines publiques, appelées “retraits”, situées sur les ponts ou sur les murs d’enceinte et qui sont mises à disposition de tous. Ces toilettes donnent généralement sur des voies d’eau, qui favorisent l’évacuation.
Les "water closed", invention anglaise
Au 16e siècle, John Harington (1561-1612), filleul de la reine Elisabeth Ire d’Angleterre, est l’inventeur d’un système qui a révolutionné notre vie quotidienne : la chasse d’eau.
Car à cette époque, les commodités se résument à des vases de nuit et des pots de chambre, voire des chaises percées. Les excréments sont relevés de façon occasionnelle et laissent planer des odeurs fort désagréables.
Harington imagine un réservoir d’eau relié aux toilettes par un tube : en ouvrant un robinet, les excréments sont directement évacués vers une fosse à l’extérieur de la maison. Jusqu’au 19e siècle au moins, les toilettes avec chasse d’eau sont appelées pour cette raison les lieux “à l’anglaise”, ou de leur nom anglais que nous connaissons encore aujourd’hui.
Au cours de l’histoire, l’invention ne cesse de se perfectionner. Les water-closets se généralisent avec l’arrivée de l’eau courante. La chasse consomme beaucoup d’eau : parfois 10 l. Certains accusent le système de gaspillage et imaginent des procédés plus économiques, comme un réservoir à deux débits possibles (largement en usage aujourd’hui) ou des urinoirs à huile…
Thomas Crapper et la plomberie anglaise
À la fin du 19e siècle, le plombier Thomas Crapper (1836-1910) porte la plomberie anglaise à la reconnaissance. Apprenti à l’âge de 14 ans, il se forme au métier de plombier dans le quartier de Chelsea à Londres. Après avoir travaillé comme employé, il fonde sa propre entreprise. Crapper dépose de nombreux brevets qui lui valent peu à peu le titre “d’ingénieur sanitaire”. Il contribue à améliorer le système de la chasse d’eau en inventant le flotteur dont le niveau commande l’ouverture et la fermeture automatique du robinet : il suffit dès lors simplement de “tirer la chasse d’eau” sans avoir à refermer un robinet. Il invente aussi le siphon (disconnect trap) qui piège une petite quantité d’eau propre dans la cuvette pour éviter la remontée des mauvaises odeurs venues des égouts. D’autres innovations connaissent moins de succès comme un siège de toilettes monté sur des ressorts qui, une fois libérés du poids de l’usager, devaient actionner la chasse d’eau !
Toutes ces innovations font l’objet d’expositions qui contribuent au succès de l’entreprise Thomas Crapper & Co.’s, qui devient l’un des fournisseurs officiels de la Couronne d’Angleterre.
La plomberie anglaise connaît alors un véritable succès qui dépasse les frontières, avec notamment la traduction en français du livre de Stevens Hellyer, La plomberie au point de vue de la salubrité des maisons, eau, air, lumière : hygiène publique et privée (1900).