Le bois

Modèles de charpente
Homme du 13e siècle, maître d’œuvre et dessinateur, Villard de Honnecourt, nous a laissé un carnet exceptionnel composé de notes et de croquis. La précision des schémas, la qualité des esquisses, l’exactitude des plans sont remarquables.
Le Carnet ne traite pas seulement de la construction des cathédrales mais plus généralement des techniques de construction de l’époque ; on y trouve les plans de la tour de Laon, l’élévation intérieure des chapelles absidales de la cathédrale de Reims ainsi que des motifs décoratifs.
Villard est-il dessinateur, concepteur de plans, ingénieur, constructeur, architecte, maître d’œuvre, géomètre, inventeur, voyageur, observateur de chantiers et d’édifices, chef de chantier, clerc, intellectuel ou savant ?
La réponse est complexe. Mais il ne fait aucun doute qu’il est un artiste habile.
Villard donne plusieurs exemples de charpente, dite "ferme" ou "comble".
Les deux premières fermes figurées sur cette page sont à entraits surélevés. Le troisième croquis de charpente représente un appentis, couvrant un bas-côté.
En bas de la planche figure une lampe sourde ou lampe monastique.
© Bibliothèque nationale de France
© Bibliothèque nationale de France
Les constructeurs gothiques sont confrontés quotidiennement aux difficultés d’approvisionnement et de transport des matériaux nécessaires au chantier, que ce soit le bois, la pierre, la chaux, le fer ou le parchemin. Économiser les matériaux utilisés est par conséquent une préoccupation majeure des constructeurs et conditionne, directement ou indirectement, leurs choix techniques. Le bois, matériau central, connaît ainsi une pénurie spectaculaire au 13e siècle.
Au 13e siècle, la surexploitation des forêts et leur réduction au profit des cultures, conséquences de la poussée démographique des 11e-12e siècles, engendrent une pénurie du bois de construction. Au sortir du 13e siècle, les forêts sur le territoire de la France actuelle ne couvrent plus que 13 millions d’hectares, soit 1 million de moins que de nos jours.
Les fréquents incendies ainsi que les réquisitions pour des besoins militaires (afin de fabriquer engins, fortifications, charrois, etc.) augmentent encore la demande en bois d’œuvre. Les arbres d’un grand âge, qui pouvaient fournir des pièces de grosse section, sont devenus rares.