L’ardoise

Couvreurs sur un toit d’ardoise
Sur un toit en ardoise partiellement couvert, trois couvreurs sont au travail. À gauche sur l’échelle, le premier monte des feuilles d’ardoise vers le faîtage. Le second découpe les feuilles à la forme voulue avec son marteau de couvreur. Le troisième cloue les feuilles sur les montants en bois (voligeage).
Un dernier artisan à gauche, suspendu au toit, assis sur une plate-forme de bois, permet de se faire une idée des dispositifs mis en œuvre pour s’arrimer au toit. On peut les observer, ainsi que les outils du couvreur en ardoise, dans la partie inférieure de la planche.
© BnF
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L’ardoise est très employée à partir du 13e siècle, autant pour les maisons particulières de propriétaires aisés que pour les châteaux et les édifices publics. Cette pierre naturelle est extraite dans des carrières dans les Ardennes ou en Anjou. Les ardoises angevines, d’un bleu presque noir, sont réputées de très bonne qualité et totalement imperméables.
Le fendeur, dont les jambes sont protégées par de larges pantalons (des braies) en cuir, se charge de débiter les blocs d’ardoise en feuilles plus ou moins fines en fonction de la qualité de la pierre. L’épaisseur moyenne d’une feuille d’ardoise au 17e siècle est de 8 à 10 mm. Après avoir sélectionné et rassemblé les ardoises en plusieurs catégories, on procède au rondissage : les ardoises sont découpées selon des formes carrées, d’écailles, d’ogives…

Les toits d’ardoise d’Angers au château de Versailles
À cette époque, les ardoisières sont creusées à ciel ouvert. Au XVIIe siècle, 250 ardoisiers produisent annuellement quelque 5 millions d’ardoises.
Tout au long de l’Ancien Régime, l’extraction d’ardoise se fait manuellement.

Le marteau et l’enclume de couvreur
- Le marteau de couvreur, appelé aussi assette ou essette. D’un côté, il a une tête pour enfoncer les clous, de l’autre, une pointe pour préparer les trous dans l’ardoise sans la casser, et enfin un tranchant qui sert à couper l’ardoise, et lui donner la forme convenable. Le manche est rond et bien à la main pour ces diverses opérations.
- L’enclume vient en complément du marteau de couvreur. Elle est composée d’une sorte de T en fer dont la branche d’équerre se termine en pointe aiguë, qu’on enfonce dans les planches destinées à supporter les matériaux de couverture (voliges) pour la fixer. La table sert alors pour appuyer l’ardoise et la poser pendant la confection des trous, ou la taille avec le marteau.
- Le tire-clous est employé pour la dépose des ardoises dans les travaux en réparation. C’est une lame de fer mince recourbée à l’une de ses extrémités et munie de dents sur les côtés. Elle permet de passer sous la tête des clous et de les arracher sans détériorer les ardoises qu’ils ont servi à maintenir.
La pose de l’ardoise
La couverture en ardoise, délicate à réaliser, reste coûteuse. Sur le chantier, les ardoises sont examinées une à une par le couvreur : il s’assure de leur qualité en frappant doucement sur chaque pièce. Si une ardoise “sonne” mal, c’est qu’elle présente un défaut : elle est alors mise de côté.
Les ardoises les plus épaisses sont posées en bas de la couverture et les plus fines vers le sommet. Déplacées vers le lieu de pose, elles sont mises en attente sur le liteau (pièce constituant le support de la couverture) ou coincées entre deux voliges. Par ailleurs, les voliges jouent un rôle important, puisque ces pièces de bois rectangulaires fixées sur la charpente servent de support à la couverture d’ardoise.