Le plâtre

Vue de la carriere de plâtre de Montmartre, du côté de Monceau
Vue de la carriere de plâtre de Montmartre, du côté de Monceau |

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Le plâtre est un matériau utilisé dans la plus haute Antiquité : les fouilles archéologiques ont découvert dans l’ancienne ville de Çatal Hüyuk (actuelle Turquie) des maisons vieilles de 9 000 ans dont les murs sont enduits de plâtre. Au 17e siècle, Louis XIV rend son usage obligatoire, afin de lutter contre les incendies.

La pierre à plâtre

La poudre de plâtre est fabriquée à partir d’une roche – le gypse – dont les affleurements sont très nombreux. Surnommée “pierre à plâtre”, c’est une roche qui s’effrite facilement et dont la couleur varie du blanc au gris avec parfois de jolis reflets. Les carrières peuvent être "à ciel ouvert" ou souterraines. Au 13e siècle à Paris, on compte presque une vingtaine de carrières de gypse dont Montmartre et Belleville sont parmi les plus importantes – elles ont la réputation de fournir un excellent plâtre. Au 19e siècle, des kilomètres de galeries sont creusés sous les quartiers de Chaillot, Saint-Marcel et Saint-Germain.
Toutes ces galeries nuisent à la stabilité du sol. En raison d’éboulements qui font de nombreuses victimes, l’exploitation des carrières souterraines est progressivement interdite à Paris.

La préparation du plâtre

La fabrication du plâtre
La fabrication du plâtre |

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Après avoir extrait le gypse, celui-ci est passé au four à 150 degrés environ pour être desséché. Il est important de ne pas charger le four, ni d’y laisser trop longtemps le gypse, sans quoi celui-ci brûle et ne fournira pas un plâtre de qualité. Sortis du four, les fragments de gypse sont concassés et pulvérisés afin d’obtenir la poudre la plus homogène et la plus fine possible : c’est le plâtre.
Le plâtre est assez fragile et capricieux : il faut absolument le stocker dans un lieu sec pour éviter qu’il ne s’agglomère. D’autre part, un plâtre qui n’est pas utilisé rapidement “s’évente” et perd ses qualités d’adhérence et de robustesse.

Construire "à la parisienne"

Hôtel de Roquelaure : 246, boulevard saint Germain
Hôtel de Roquelaure | © BnF

Les nombreuses carrières de gypse de Paris ont déterminé une partie des constructions de la ville. Lorsque l’on se promène dans les quartiers du Marais, de Montmartre ou de Belleville, on peut observer que beaucoup de façades sont enduites de plâtre blanc. La grande qualité du plâtre à Paris a permis de l’utiliser non seulement à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur des bâtiments.
L’abondance de la source de gypse se conjugue à un autre avantage du plâtre : sa résistance au feu. Mais il faut attendre le 15e siècle pour qu’en France on recouvre le bois par du plâtre qui résiste mieux aux sinistres. Après l’incendie dramatique de Londres en septembre 1666, Louis XIV rend obligatoire en 1667 ce matériau ignifuge en enduit intérieur et extérieur pour éviter le sort funeste de la capitale anglaise.
Comme Raoul Boutrays le soulève dans Lutetia (1624), les propriétés ignifuges du plâtre séduisent les constructeurs et les architectes : "Le plâtre est si utile dans la construction de nos maisons que, par l’éclatante blancheur dont il les revêt, il fait de Paris une ville de plâtre. C’est à cette matière froide qui brave les atteintes de la flamme que notre cité doit sa tranquillité contre les accidents du feu." Paris est considérée comme une ville de boue et de plâtre. L’art du plâtre s’enrichit de recettes qui nous paraissent aujourd’hui assez surprenantes : au matériau de base, on ajoute de la chaux, du sable, parfois même de l’œuf ou du sang !

Ravalement en plâtre d’un vestibule exécuté en Bourgogne
Ravalement en plâtre d’un vestibule exécuté en Bourgogne |

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