L’art du trait ou comment passer de deux à trois dimensions ?
Le maçon ne peut se lancer à l’aveugle dans l’élévation d’un mur, la coulée d’une dalle ou la construction d’une voûte suspendue. Il doit avoir une idée générale de ce que sera la forme finale. C’est lui qui met en œuvre les plans de l’architecte, de l’entrepreneur ou de l’ingénieur ; il fait passer les dessins qui sont de deux dimensions, aux trois dimensions de la construction. Pour ce faire, le maçon doit opérer un certain nombre de calculs.
La stéréotomie
Aujourd’hui on a recours au dessin technique, mais son plus lointain ancêtre, la stéréotomie (“art de la coupe des pierres”), est pratiquée à partir du 12e siècle. La stéréotomie reste un secret bien gardé par la corporation de maçons pendant le Moyen Âge, mais à la Renaissance, les architectes et les théoriciens d’architecture publient, dans leurs ouvrages et leurs traités, les premières épures. Ces dessins, tracés à la règle, à l’équerre et au compas, montrent la virtuosité des maçons lorsqu’ils exécutent des trompes ou des voûtes.
La géométrie descriptive
Au 17e siècle, l’architecte François Blondel a recours à la stéréotomie pour proposer sa fameuse formule qui permet d’élever les escaliers. Jusqu’au 18e siècle, la stéréotomie évolue peu à peu, jusqu’à ce que le mathématicien français Gaspard Monge (1746-1818) développe la géométrie descriptive. Cette méthode graphique doit principalement résoudre les problèmes d’angle, de positions, d’ombres et d’intersections. Les maçons, les ingénieurs et les architectes ont, encore de nos jours, recours à cette méthode, complémentaire du dessin technique.