Le Muséum de Boullée (1783) : préfiguration du Panthéon ?

L'architecture civile : le Muséum
Cette coupe géométrale offre une vue intérieure spectaculaire d’un Muséum imaginaire. Jouant sur les proportions monumentales, l’architecture mêle colonnades ioniques, voûtes en berceau et encensoirs, évoquant un temple dédié au savoir.
Bibliothèque nationale de France
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Plus qu’un programme fonctionnel précis, avec une distribution explicite, cette grandiose perspective évoque l’image emblématique d’un monument national que Boullée n’a pas directement commenté dans son Essai.
Il s’agit d’un "Muséum au centre duquel est un temple de la Renommée destiné à contenir les statues des grands hommes", daté de 1783. Cette dernière remarque rappelle que sous le règne de Louis XVI, à l’instigation du directeur des Bâtiments du roi, se multiplient les commandes aux sculpteurs de statues d’hommes illustres et aux peintres de tableaux d’histoire moderne, illustration d’une nouvelle orientation de l’art au service de l’identité nationale.
Certains auteurs ont rapproché ce projet de Boullée d’un célèbre texte de l’anglais Alexandre Pope, The Temple of Fame (Le temple de la gloire), bien connu en France par plusieurs traductions. Le projet de Muséum, destiné à glorifier la mémoire de la patrie, préfigure sous l’Ancien Régime le programme politique qui, sous la Révolution, transforma l’église Sainte-Geneviève de Soufflot en Panthéon des Grands Hommes de la Nation.

Le Muséum
Boullée imagine un Muséum grandiose dont le cœur abrite un Temple à la Renommée, dédié aux grands hommes. Cette élévation géométrale révèle une architecture spectaculaire, mêlant colonnades, portiques et colonnes trajanes.
Bibliothèque nationale de France
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L’utopie ou la poésie de l’art : le Muséum
Boullée imagine un Muséum monumental où le Temple de la Renommée trône en son cœur. Cette vue intérieure met en scène une architecture grandiose, rythmée par des colonnades ioniques et des voûtes en berceau, évoquant un espace sacré dédié au savoir et à l’hommage aux grands hommes.
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Projet pour l’église Sainte-Geneviève
Mais sous la Révolution, l’église devient une nécropole dédiée aux grands hommes de la nation, grâce à son immense crypte. Les larges vitraux sont alors obscurcis pour donner au bâtiment un caractère funéraire.
Un monument de la reconnaissance publique
Boullée, dans son Essai, évoque sans le nommer plus explicitement, "un monument de la reconnaissance publique", dans un lieu "susceptible de rassembler toutes les beautés éparses de la nature, de manière à en présenter le Muséum". Il évoque le monument situé dans un parc, sorte de jardin des plantes, pittoresque et sentimental, formant des tableaux "variés à l’infini".
Nature et humanité sont au cœur de la symbolique exaltée par le gigantisme, la transparence et la somptuosité de l’architecture. Ouverts sur l’extérieur et vers le ciel lumineux, les promenoirs sont plus développés que les salles d’exposition, de consultation ou les magasins. On imagine ceux-ci tout autant destinés aux œuvres d’art qu’aux sciences naturelles, à la géographie et à des "cabinets de curiosité" géants.
L’écran de colonnes
L’imitation de la nature demeure, avec celle de l’Antiquité, la voie première de l’expérience artistique à l’époque de Boullée.
Profilés, ornementés, proportionnés, colonnes et entablement se prêtent à des scénographies spatiales que Boullée amplifie par l’échelle colossale du monument.