Le Flatiron Building, un immeuble exceptionnel

Avant d’être surnommé Flatiron, l’immeuble avait le nom de son commanditaire, George A. Fuller. Architecte de formation, George A. Fuller est le premier entrepreneur de l’histoire de la construction et de l’architecture. Il fonde en 1882 la George A. Fuller Company, qui a pour mission de superviser tous les aspects de la construction à l’exception du dessin du bâtiment – laissant cette tâche aux soins des architectes. Partisan de la construction en acier qu’il considère comme le métal du futur, Georges A. Fuller est connu pour être le père du gratte-ciel. Il meurt subitement en 1900 mais sa société, reprise par son gendre, remporte de nombreux marchés, notamment dans l’immobilier et la construction d’infrastructures ferroviaires.

Un immeuble de bureaux

Le Flatiron est, avant tout, un immeuble destiné à héberger des bureaux et des sièges d’entreprises : éditeurs, compagnies d’assurances, cabinets d’architectes… mais aussi le consulat de Russie. La Fuller Company, qui a travaillé avec Daniel Burnham sur les aspects techniques et constructifs, a élu domicile au 19e étage pour quelques années. Au sous-sol, un vaste restaurant recevait des clients du petit-déjeuner au souper, après la sortie des théâtres situés non loin, sur Broadway. Aujourd’hui encore, le Flatiron est essentiellement un immeuble de bureaux.

Des inspirations classiques

De bas en haut, le Flatiron se divise en trois parties : le rez-de-chaussée et les deux premiers étages, revêtus de pierre calcaire, traduisent la solidité et la stabilité. Le troisième étage est l’un des plus ornés : exécutées en terre cuite glacée, des couronnes de lauriers encadrent des masques ou des cartouches, soulignées par des frises grecques, des entrelacs ou des fleurons. Du 4e au 15e étage, les frises grecques et les entrelacs courent tout le long et laissent voir l’appareillage de brique. Le décor à profusion revient dans les derniers étages. On retrouve les masques et les colonnes baguées observées aux étages inférieurs, mais aussi des têtes de lions. À l’image des palazzo italiens, l’immeuble est couronné d’une large corniche. Ces trois sections pourraient faire également penser aux trois parties qui composent une colonne : la base, le fût et le chapiteau.

Les pilastres
Les pilastres | © Bibliothèque nationale de France

Célèbre dans le monde entier

Dès son achèvement, le Fuller Building (son premier nom) est célèbre dans le monde entier. Les curieux se pressent pour venir admirer cette architecture nouvelle et la presse ne cesse de publier des articles à son sujet. Fascinés par la pureté et la modernité de ses lignes, d’innombrables photographes, à l’instar d’Alfred Stieglitz, Bérénice Abbott et Edward Steichen, le photographient sous tous les angles, à toutes les saisons. Pour autant, le Flatiron Building est parfois sévèrement jugé ; certains trouvant qu’il ressemble à une part de gâteau ! Mais les artistes les plus avant-gardistes ne s’y trompent pas quand ils reconnaissent là un monument de la modernité américaine, et vont le considérer comme le Parthénon des temps modernes. Aujourd’hui encore, on peut apercevoir la silhouette effilée de Flatiron Building dans de nombreux films (Godzilla, Spiderman, Usual Suspects...).

King Kong de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack
King Kong de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack