L’écriture maya

Les Mayas possédaient l’écriture la plus élaborée des civilisations de l’Amérique précolombienne, comparable à celle de l’Égypte ou de la Mésopotamie. Cette écriture a longtemps résisté à toutes les tentatives de déchiffrement. Il en reste très peu d’exemples, qui nous sont parvenus principalement à travers quatre livres (codex) conservés dans les bibliothèques de Dresde, Madrid et Paris.

Un système complexe

Le Codex maya "de Paris"
Le Codex maya "de Paris" |

© BnF

L’écriture maya apparaît à partir de 300 avant J.-C. À en juger par les documents que nous possédons, chaque mot est d’abord représenté par un dessin, puis le système est complété par des signes phonétiques notant les syllabes : l’écriture maya est donc mixte, utilisant à la fois des idéogrammes et des phonogrammes. Cette évolution est facilitée par le fait que la majorité des mots mayas sont monosyllabiques. Le nombre total de signes mayas est estimé entre 900 et 1200. Le système maya se caractérise par sa polyvalence : chaque signe peut avoir plusieurs sons, et chaque son, plusieurs sens.
Au milieu de l’époque classique (aux alentours du 7e siècle après J.-C.), l’invention du complément phonétique permet d’indiquer la bonne lecture parmi plusieurs possibles.
Cette détermination n’exclut pas la pluralité de sens pour un même son. Par exemple, il existe quatre manières d’écrire "Yax Pak", ou " Première Aube", nom d’un chef de Copan. L’écriture maya propose ainsi une lecture combinatoire qui complexifie le jeu de sons et de sens. Ce caractère ludique de l’écriture permet au sens de rester ambigu et énigmatique.
En même temps que l’écriture s’est précisée pour noter l’histoire des rois, elle est aussi devenue plus flexible pour autoriser les manipulations d’ordre mythique et politique. Cette polyvalence est d’autant plus complexe qu’il est vraisemblable que l’écriture maya se lisait en plusieurs langues.

Le codex maya de Paris

La conquête espagnole a fait disparaître la plupart des codex mayas : seuls quatre sont conservés dans les bibliothèques de Dresde, Madrid et Paris, ce dernier se trouvant à la Bibliothèque nationale de France. Le Codex Peresianus, ou Codex de Paris, est composé de longues bandes d’écorce de ficus sur lesquelles sont peints des glyphes (signes), des chiffres, des images de dieux et d’animaux, avec les mêmes couleurs : noir, jaune, vert, bleu et rouge. Ces bandes sont longues de 1, 45 m et pliées en accordéon.
Ce manuscrit, découvert par le chercheur Léon de Rosny au milieu du 19e siècle, traite de rituels religieux, de prophéties et des dieux. Au verso, se trouvent un almanach de prédictions, les cérémonies du nouvel an et un calendrier zodiacal de 364 jours. Il s’agirait donc d’un texte à lire de manière divinatoire.
On ne connaît pas la date exacte de ce document. Selon Thompson, archéologue spécialisé en études mayas, il s’agit d’une copie déformée d’un codex de l’époque classique (3e-9e siècle) réalisée au 13e siècle.

La notation maya des nombres

Les codex, traités d’astronomie maya, constituent des témoignages précieux révélant l’existence chez les Mayas d’un système d’écriture de position et la présence du zéro. Comme la majorité des peuples amérindiens, les Mayas comptent en base 20, c’est-à-dire qu’ils regroupent les unités par paquets de vingt et changent d’ordre à ce moment-là. La base 10 est celle qui nous paraît la plus naturelle, mais, à l’image des Sumériens, nous utilisons quotidiennement la base 60 pour mesurer le temps : une minute compte 60 secondes et une heure 60 minutes.
Au nombre de 19, les unités de premier ordre du système maya sont représentées par des points et des traits : un point représente l’unité ; un trait horizontal ou vertical, le regroupement de cinq unités ; on complète ce trait par un à quatre points à côté ou au-dessus pour aller jusqu’à neuf ; deux traits valent 10 ; ils sont complétés par des points pour aller jusqu’à 14 ; trois traits valent 15, et sont complétés par des points pour atteindre 19. Cette notation, très figurative, rappelle le système romain et laisse supposer que les Mayas comptaient sur les doigts de leurs mains et de leurs pieds.
Les nombres au-delà de 20 s’écrivent sur une colonne verticale comprenant autant de niveaux qu’il y a d’ordres d’unités.
L’absence d’unité à un niveau donné est figurée par un coquillage, qui tient lieu de zéro dans cette écriture de position. Ce zéro ne joua toutefois pas tout son rôle dans la pratique des opérations arithmétiques car le système maya présente une irrégularité probablement à mettre en relation avec le calendrier : le troisième étage qui aurait dû, en base 20, correspondre à des valeurs multipliées par 20 x 20, soit 400, correspond à des valeurs multipliées par 18 x 20, soit 360, approximativement l’année solaire. La base 20 reprend ensuite un fonctionnement normal.